
Le clocher et ses deux cloches « Jésus-Marie » et « Lise-Marie », sont les seuls rescapés de l’incendie du 9 mai 1921.
L‘incendie de Notre-Dame de Paris est un traumatisme pour Paris et la nation.
Il y a près de 100 ans, les Kerfotais ont connu le même drame : la perte par le feu de leur église.
« Tout a brûlé »
On imagine à Kerfot, les hatitants en ce matin du 10 mai 1921, sidérés devant les ruines fumantes de leur église.
Tout a brûlé : le mobilier d’une valeur inestimable, une vénérée statue de la Vierge Marie, les vitraux et de nombreuses toiles…
Et aussi le retable du maître-autel qui fut commandé le 25 juillet 1717 au Sire de Kereven Le Liffer, maître sculpteur à Paimpol.
Aucune victime
C’est dans la nuit que le maire de l’époque, Louis Menguy, et les habitants du bourg ont été réveillés par les craquements du brasier venant de l’église.
Heureusement, aucune victime n’est à déplorer.
Quant aux origines du feu, à cette époque où l’électricité n’était pas installée dans l’église, le court-circuit est exclu.
La piste intentionnelle n’a jamais été écartée complètement.
Dans le Journal de Paimpol
A l’époque, le Journal de Paimpol relate :
On suppose que le feu aurait été communiqué par les cierges et les bougies qui faisaient partie du luminaire installé pour la cérémonie du Mois de Marie.
Le rédacteur poursuit :
Les habitants de Kerfot sont entièrement désolés de la perte de leur église, une des plus admirées de la région et qui datait du XVe siècle.
On le voit, comme presque 100 ans plus tard à Paris, les thèses s’affrontent entre l’accident et le crime…
Autre similitude avec notre époque, un Comité s’est immédiatement formé à Kerfot pour aider à la reconstruction d’une nouvelle église.
C’est ainsi que, une semaine après l’incendie,
un grand bal public a eu lieu de 2 heures et de 8 heures à minuit, avec le concours de binious.
Miracles
De l’église, il ne reste en effet presque plus rien, sinon le clocher toujours en place aujourd’hui et seul vestige du XVIe siècle.
Ce clocher, dont la construction (comme celle du porche sud) s’était achevée en 1574, a été inscrit à l’Inventaire des Monuments Historiques le 6 mars 1925.
L’église qui a brûlé en 1921 avait été construite après le clocher sur une crypte contenant deux fontaines dont l’une était réputée guérir les rhumatismes. Elles étaient alimentées par un aqueduc qui doit encore courir sous l’actuel édifice.
Selon la légende, ce souterrain permettait à Saint-Yves de se rendre en secret de Kerfot à Beauport.
Dès 1387, on note la présence d’un édifice religieux à cet endroit puisque le 6 mai de cette année-là, le pape de l’époque, Urbain VI, a accordé une « bulle d’indulgences » en faveur de cette chapelle « où le Christ opéra plusieurs miracles ».
Reconstruite en 1922
La première pierre de l’actuelle église fut bénite le 21 mai 1922 sur la base d’une partie du pignon ouest avec son porche et son clocher ainsi que son « porche midi ».
Les travaux furent confiés « à MM. Le Besque et Auffret sur les plans de M. Louis Collet ».
La bénédiction de l’église eut lieu le 18 février 1923. Le clocher accueille toujours deux cloches : « Jésus-Marie », posée en 1753 (460 kg) et « Lise-Marie », posée en 1885 (350 kg).
On dit que leur carillon chante « Bretonned bepred » (Bretons sans cesse).
Bonbons
À l’époque de l’incendie, le recteur de la paroisse, l’abbé Héry, avait une mauvaise dent contre une certaine Marie-Catherine Colas, dite « Marc’hadour bounboun » (la marchande de bonbons) qui chaque dimanche installait son étal devant l’église.
On chuchote que les enfants de Kerfot préféraient dépenser chez elle les quelques sous que leurs parents leur donnaient pour la quête.
François Cabioc’h