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Danse. Cristiana Morganti, corps et âme

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Cristiana Morganti retrace son parcours de danseuse

Cristiana Morganti retrace son parcours de danseuse (©ClaudiaKempf)

Au début de votre one-woman-show chorégraphique, vous demandez aux spectateurs s’ils veulent que vous parliez ou que vous dansiez. Que préférez-vous ?

Tout dépend de ce que j’ai envie d’exprimer. J’aime beaucoup parler. C’est pour cette raison que j’ai essayé de rendre la parole présente, tout au long de mon parcours. Certaines choses sont plus difficiles à exprimer à travers la danse, comme l’ironie et l’humour que j’affectionne particulièrement, par exemple. En fin de compte, j’aime avoir la possibilité de pouvoir faire les deux..

Qui est Jessica ?

Jessica est mon alter ego. Je suis fille unique, alors quand j’étais petite, j’inventais des personnages et m’interviewais toute seule. L’un de ces personnages s’appelait Jessica Bayer. Quand j’ai commencé à créer ce spectacle, j’avais envie de trouver une façon différente de raconter mon histoire. C’est alors qu’est née l’idée de répondre à des questions enregistrées sur des cassettes. Les cassettes, ça me paraissait intéressant parce que c’est mon époque. Du coup, ça parle de mon enfance aussi. J’avais fait du magnétophone une sorte de présence, un partenaire. Et puis, un jour, une amie qui me connaît depuis que je suis enfant m’a fait la remarque que ça ressemblait beaucoup à l’époque où je « conversais » avec Jessica Bayer. Avec 40 ans de distance, le personnage est revenu inconsciemment. Je reproduisais quelque chose que j’avais complètement oublié.

Peut-on voir ce spectacle comme une sorte de bilan sur la vie ?

Absolument. Ce spectacle est né d’un besoin de faire un bilan pour accomplir un pas vers le futur. En 2014, quand j’ai créé « Jessica and me », j’ai quitté la compagnie de Pina Baush, après 22 ans. Ce solo, c’est un dernier regard vers le passé pour me projeter vers le futur, comme quand on coupe le cordon. C’est une phase de vie qui termine et une autre qui commence.

Un peu comme une renaissance ?

Oui. Ça fait maintenant quatre ans que je renais. Je suis en tournée avec ce spectacle et je suis moi-même étonnée de ne pas en être lassée. Je ne m’ennuie jamais. Il faut dire que c’est vraiment un spectacle très sincère. Je n’interprète pas un personnage. C’est vraiment moi sur scène.

Vous avez reçu le Prix de la critique Dansa y Dansa en 2014. « Jessica and me » tourne depuis plusieurs années en Europe. Qu’est-ce qui, selon vous, fait le succès de ce spectacle ?

Ce qui touche le public, c’est l’ironie car j’y raconte le désarroi du danseur qui vieillit. Je dévoile ce que c’est de faire les mêmes mouvements à un âge plus avancé. On pense aux danseurs comme des êtres parfaits, ce n’est pas vrai.

Mais ce qui fait le succès de ce spectacle, selon moi, c’est aussi le côté coulisses de ce métier très exigeant. Je montre un peu de ce que le public normalement ne voit pas.

Votre spectacle sonne aussi comme une véritable déclaration d’amour à la danse…

On ne peut pas faire ce métier sans avoir la flamme. Malgré ça, j’ai essayé de faire un portrait plus détaché, plus analytique. J’ai passé la plupart de ma vie dans la sueur avec cette envie de me perdre dans l’extase liée au mouvement.

Aujourd’hui, ce qui me passionne c’est de travailler avec des jeunes danseurs et d’observer cette générosité qui est implicite dans ce métier. J’étais dans cette espèce de sacre, vraiment dans l’extase et, en vieillissant, je me rends compte que ce qui me manque, c’est ce lâcher prise, sans crainte, presque avec l’envie de s’annuler dans le mouvement.

Propos recueillis par

Vanessa RELOUZAT

Renseignements

Au Théâtre-Sénart, mardi 19 février à 20h30 et mercredi 20 février à 19h30.

Tél. : 01 60 34 53 60.


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