
Les commerçants vont attaquer le préfet de Haute-Garonne. Ces derniers ne se sentent pas protégés par les pouvoirs publics lors des manifestations (ici, des commerces saccagés au rond-point de la Patte-d’Oie à Toulouse, après la manif du 8 décembre (©Actu Toulouse)
Ils vont passer à la vitesse supérieure. Après deux mois et demi de débordements suite aux manifestations des gilets jaunes, qui ont entraîné un impact significatif sur la santé de leurs enseignes, des commerçants toulousains ont décidé d’attaquer devant le tribunal administratif la préfecture de Haute-Garonne, et donc, indirectement, l’État. « Nous allons attaquer le préfet dans les prochains jours », indique une source à Actu Toulouse. « Depuis 12 semaines, nous n’arrivons plus à travailler et ça, on ne le supporte plus. Nous aussi, nous payons des impôts, mais la force publique ne nous protège pas de ces violences. 200 personnes nous mettent à genoux tous les samedis, ce n’est pas normal ».
Après l’action « Commerces en danger »
Cette décision survient après l’action des commerces du centre-ville, qui ont majoritairement installé un panneau « Commerces en danger : à vendre » sur leur devanture, indiquant à chaque fois le même numéro à appeler, en l’occurrence celui… de la préfecture.
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« Retour à l’ordre »
Non-protection de la population, et donc des commerçants : c’est l’un des principaux motifs de cette contre-attaque des commerçants du centre-ville. Lesquels tirent sérieusement la langue. Selon ce commerçant, qui souhaite rester anonyme, « 80% des commerces du centre-ville ont connu une baisse de 15% de leur chiffre d’affaires depuis le début du mouvement. Et pour le mois de janvier 2019, le chiffre monte à 30 voire 40% pour beaucoup de commerces ».
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Outre le « retour de l’ordre », les commerçants en appellent à l’État sur ce dossier, pour lequel le président de la République Emmanuel Macron avait été interpellé par le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc lors des vœux aux armées à Francazal, le jeudi 17 janvier 2019. Un autre commerçant précise les doléances des commerçants :
L’État n’a pas la possibilité juridique d’établir des exonérations et nous sommes conscients qu’on ne peut pas faire payer plus d’impôts aux Toulousains. En revanche, l’État peut jouer sur le « cas de force majeure », qui permet aux assurances de prendre le relais et d’individualiser les dossiers quand il est constaté une baisse de chiffre d’affaires. Il resterait à fixer le seuil : à 25 ou 30%, par exemple.
L’État va annoncer des mesures
L’État, justement, par la voix d’Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances Bruno le Maire, doit annoncer, jeudi 31 janvier dans la soirée, une batterie de mesures en soutien aux commerçants des villes touchées par les manifestations, dont Toulouse.
En Occitanie, le Conseil régional a déjà annoncé une aide de trois millions d’euros, tandis que la mairie de Toulouse doit voter, vendredi 8 février 2019, à l’occasion d’un conseil municipal extraordinaire, des mesures d’urgence pour les commerçants. Enfin, jeudi 31 janvier, le Conseil départemental de Haute-Garonne a également annoncé une « aide exceptionnelle de 300 000 euros, qui viendra abonder les fonds de concours mis en place par les chambres consulaires qui permettront aux artisans et commerçants de bénéficier d’avances remboursables sous forme de prêts à taux zéro ».
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Une marche en préparation pour le samedi 9 février
En parallèle, une marche de soutien aux commerçants et « contre les violences » se prépare dans les rues de Toulouse en soutien aux commerçants, samedi 9 février 2019.
Ces derniers jours, les commerçants ont été à l’initiative de la page Facebook « Toulouse Solidaires », en réaction aux débordements de ces dernières semaines et pour fédérer aussi les commerçants en difficulté.