
Yves Cotrel devant le manoir de Kerrosen, à Taden, où il a inventé le procédé qui lui a valu une reconnaissance mondiale. (©Le Petit Bleu des Côtes d’Armor)
Né en 1925 rue de l’Apport à Dinan, dans les Côtes d’Armor, le chirurgien Yves Paul Cotrel est décédé ce mardi 29 janvier, à Paris, à l’âge de 93 ans.
Spécialisé en orthopédie, Yves Cotrel avait inventé un procédé médical permettant de redresser la colonne vertébrale sans plâtre ni corset.
Cette technique a été utilisée par plus d’un million de patients, à travers le monde, et récompensée en 1989, par le Prix mondial de Chirurgie.
C’est à Taden, près de Dinan, en 1977, qu’il a inventé les instruments qui lui vaudront la reconnaissance mondiale.
La mort dans l’âme, classé en « invalide définitif », Yves Cotrel s’était retiré dans son manoir de Kerrosen, acheté quelques années plus tôt. Dépressif.
J’étais privé de tout ce qui avait fait ma vie. Cela a été très douloureux, frustrant. »
Premières inventions
Jusque là et depuis 1953, il avait été chef du service d’orthopédie et chirurgie du rachis à Berck, dans le Nord. Il se passionnait pour les déviations de la colonne vertébrale.
Le médecin avait introduit la kinésithérapie musculaire et respiratoire dans le traitement des patients.
Il avait mis au point une table d’opération plus adaptée, un cadre permettant aux malades de s’autoétirer avec un système de poulies, etc.
Le chirurgien, auteur de nombreux articles, était déjà connu, faisait de nombreuses conférences dans le monde entier.
Une découverte qui fait le tour du monde
Mais la machine s’emballe en 1975. Trois arrêts cardiaques dans la même journée. Il entend ses médecins prétendre qu’il est usé, qu’il ne passera pas la nuit.
Pour lui, fini les opérations. Un drame car soigner les autres, c’était la vocation de ce fils d’assureur, si admiratif du médecin de famille de son enfance.
Le jeune retraité retrouve par hasard les documents médicaux qu’il a ramenés de Berck ; les radiographies de ses anciens patients, leur évolution.
Je suis devenu mon propre critique et j’ai compris qu’il aurait fallu une autre instrumentation pour mieux faire. À l’aide d’étaux, de scies à métaux, de moulages de vertèbres, j’ai cherché à corriger les déviations de colonnes vertébrales en trois dimensions et non plus en une seule. »
Pendant deux ans dans son atelier, avec des tiges, des crochets, implantés sur la colonne vertébrale, il met au point des montages métalliques qui dispensent le patient, après opération, de porter plâtre et corset pendant des mois.
Ils améliorent la correction de la déviation de la colonne vertébrale et consolident le segment redressé. »
Le brevet déposé, Yves Cotrel se sent… guéri.
Sa découverte « mise au point sur les bords de Rance » et améliorée en collaboration avec Jean Dubousset fait le tour du monde.
21 brevets

En 2011, une plaque lui rendant hommage a été apposée sur la maison de son enfance à Dinan, rue de la Lainerie. (©Le Petit Bleu des Côtes d’Armor)
Yves Cotrel a déposé 21 brevets au total. En 1999, il crée la Fondation Cotrel, Institut de France. Après avoir soigné les maux de la scoliose idiopathique, il a souhaité que sa fondation œuvre pour le financement de la recherche sur les causes de cette maladie.
Yves Cotrel était aussi commandeur de la Légion d’honneur depuis 2007. En 2011, une plaque lui rendant hommage a été apposée sur la maison de son enfance à Dinan, rue de la Lainerie.
Les obsèques se dérouleront le samedi 2 février à 14h30 à la basilique Saint-Sauveur à Dinan. Selon son souhait, les dons adressés à la Fondation Cotrel – Institut de France (http://www.fondationcotrel.org ) seront préférés aux fleurs.