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Nicolas Bougaut, 38 ans, est le nouveau directeur de l’hôpital de Lisieux (Calvados). (©Le Pays d’Auge)
Nicolas Bougaut, 38 ans, est le nouveau directeur de l’hôpital de Lisieux (Calvados). Rénovation des urgences, avenir du parking visiteurs, recrutement de médecins… Le successeur d’Eric Graindorge n’élude aucun sujet.
Quel est votre parcours ?
J’ai occupé plusieurs postes d’adjoint dans des équipes de direction, à Dieppe (Seine-Maritime) en 2007, puis en région parisienne, à Poissy Saint-Germain (Yvelines). Il s’agissait d’établissements plus grands que celui de Lisieux. Poissy Saint-Germain, par exemple, fonctionne avec un budget de 250 millions d’euros. Lisieux, c’est 100 millions.
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Mais ici, nous avons une grande richesse en matière de spécialités médicales. On va de la naissance, avec la maternité, jusqu’à la fin de la vie avec les Ehpad, le long séjour et la gériatrie.
Nous n’avons pas de spécialités de pointe, du type neurochirurgie, mais on retrouve de la médecine, de la chirurgie, du soin de suite et de réadaptation, des urgences, la maternité, de la médecine néonatale…
« Trouver les moyens de financer les projets »
Vous avez pris vos fonctions en juin. Quelles sont vos premières impressions ?
J’ai pu constater une forte mobilisation des équipes dans la vie de leur hôpital. Médecins, ouvriers, logisticiens, infirmière, aides-soignants, ASH, cadres… Tout le monde est mobilisé.
Nos hôpitaux sont bien ancrés dans leur territoire. Les patients trouvent, à côté de chez eux, des services hospitaliers de qualité et les plus complets possible.
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Si on vous dit que la principale fonction d’un directeur d’hôpital, aujourd’hui, c’est de gérer un budget, qu’en pensez-vous ?
Le volet gestion fait partie du métier. Mais je considère que ma mission consiste, avant tout, à accompagner l’établissement dans ses projets, en lien avec les institutionnels, l’équipe médicale et le personnel.
Un hôpital évolue grâce à ses projets, qui émanent des services. Il faut trouver les moyens pour les financer.
« 4,5 millions pour rénover les urgences »
Le projet le plus attendu, c’est l’extension des urgences. Où en est-il ?
Il avance. Le coût global s’élève à 4,5 millions euros. Cette extension de 498m2 permettra d’accueillir un peu de plus de 30 00 patients par an, ce que nous faisons déjà aujourd’hui, mais dans des conditions difficiles.
Nous avons retenu quatre architectes en juillet. Ils travaillent sur le programme rédigé par les équipes et remettront leur dessin architectural en novembre. Début décembre, le jury retiendra le lauréat avec qui nous signerons un marché.
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En 2020, l’architecte retenu affinera les études et déposera le permis de construire. L’objectif, c’est qu’en fin d’année prochaine, on puisse avoir les entreprises qui réaliseront les travaux sur une durée 18 mois.
![Les urgences de l'hôpital de Lisieux (Calvados) sont saturées.]()
Les urgences de l’hôpital de Lisieux (Calvados) sont saturées. (©archives Le Pays d’Auge)
Pourquoi est-ce si long ?
Le chantier va se faire en milieu occupé. Ce n’est jamais simple, mais nous n’avons pas le choix. J’ai eu de nombreuses rencontres constructives avec la cheffe de service et la cadre de santé.
Un audit interne est en cours pour trouver des points à améliorer en terme d’organisation et définir, éventuellement, les besoins en recrutement.
En attendant, nous allons réaliser des travaux rapidement, à l’intérieur du service, pour jouer sur le confort, l’intimité et l’espace.
« Nous allons mettre en place un salon de sortie »
La gestion des lits est une question cruciale…
Oui, et la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a fait des annonces pour améliorer la situation. Nous avons distribué des téléphones pour pouvoir contacter facilement un spécialiste en interne, pour l’instant, et demain des médecins de ville.
Nous allons mettre en place, à l’automne, un salon de sortie. L’idée, c’est de faire sortir des urgences des patients qui sont en attente de sortie. Les patients, sortants médicalement mais qui attendent l’ambulance ou le conjoint pour partir, vont aller dans ce salon et libérer des lits.
Le patient doit être pris en charge au bon endroit, au moment où sa pathologie le nécessite. Nous avons un tableau de gestion de lits, ce n’est pas encore parfait mais on avance. Les quatre établissements, Lisieux, Vimoutiers, Orbec et Pont-l’Evêque, sont concernés.
« Nous avons des pistes pour recruter des médecins »
Le service gynécologie-obstétrique a été confronté à plusieurs départs de médecins. Quelle est la situation aujourd’hui ?
Sur les cinq médecins, il n’en restait plus qu’une. Un chef de service est arrivé le 16 septembre 2019, le professeur Benoît, grâce à l’aide du CHU Caen.
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Il va nous aider à reconstruire une équipe médicale et un projet de service même si on a des équipes de sages-femmes, d’aides-soignantes, d’infirmières et de médecins très dynamiques.
Nous avons des remplaçants, mais l’idée c’est d’avoir une organisation pérenne. Nous avons des pistes pour recruter, ça va prendre du temps, six mois, un an, mais avoir un chef de service présent deux jours par semaine, ça aide.
D’autres personnes du CHU vont venir aussi, sur d’autres journées. Mon rôle, c’est d’avoir des équipes médicales au complet pour éviter qu’un service s’affaiblisse.
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Votre prédécesseur avait annoncé que le parking visiteurs allait devenir payant. Quand ce projet verra-t-il le jour ?
Cela fait partie des sujets dont on m’a parlé à mon arrivée. Un contrat a été signé avec Indigo, dans le cadre d’une délégation de service public.
Cette société réalisera des investissements pour réaménager le parking. En contrepartie, elle récupérera une somme d’argent grâce au paiement du stationnement. Cela se fait dans de nombreux hôpitaux.
« Rien n’est tranché pour le parking visiteurs »
Mais ça ne se faisait pas à l’hôpital de Lisieux…
C’est vrai. Quand je suis arrivé, j’ai appris qu’il n’y avait pas eu assez de concertation dans l’établissement autour de ce projet.
Le directoire, instance composée majoritairement de médecin qui émet des avis sur les éléments structurants de l’hôpital, n’avait pas été consulté avant la signature du contrat. J’ai donc décidé de le concerter.
Nous avons évoqué les possibles aménagements, les niveaux de tarifs, les temps de gratuité….
J’ai pris l’ensemble de ces demandes, avant de rencontrer des représentants d’Indigo en juin. Ils travaillent sur deux ou trois scénarios. L’établissement tranchera.
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Le principe d’un parking payant est-il acté ?
Si la communauté hospitalière de Lisieux considère qu’il vaut mieux un parking en l’état, sans paiement, on restera comme ça. Mais j’ai cru comprendre qu’il y avait une demande d’amélioration.
Reste à savoir à quelle échelle, en sachant que si les travaux sont importants, cela aura des répercussions sur le prix du stationnement. On en saura plus fin septembre.
« Rénover le bâtiment principal ? La question se posera »
D’autres projets en vue ?
Nous étudions la possibilité de développer, dans le pavillon Colombe, l’unité de soins adaptés, et de créer un accueil de nuit, un hébergement temporaire et une plateforme de répit pour aider les familles. Nous sommes aux prémices du projet.
Ce bâtiment a besoin de rénovation, mais il n’est pas le seul. C’est le cas d’une grande partie de l’établissement dont les conditions hôtelières sont largement perfectibles.
Nous devrons déterminer, dans les années à venir, comment nous pouvons rénover le bâtiment principal. Ce sont des investissements importants, mais la question se posera.