
A Caen, samedi 15 décembre 2018, premier débat public en présence de Gilets jaunes. (©Arnaud héroult/Liberté le Bonhomme Libre)
Depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, c’est sûrement le premier débat public du genre qui s’est tenu à Caen.
Samedi 15 décembre 2018 à Caen, à l’appel d’Antoine Casini (divers gauche), conseiller départemental du Calvados du nord de Caen, un débat public a réuni Gilets jaunes et citoyens à la maison de quartier du Calvaire Saint-Pierre à Caen (Calvados).
La République En Marche absente de la réunion
Une réunion à la laquelle ont pris part également des représentants de la France Insoumise mais pas de La République En Marche. « Je les avais invités mais ils ont refusé de venir », note Antoine Casini. « Je le regrette profondément. »
Face à une quarantaine de personnes, deux Gilets jaunes ont expliqué pourquoi ils ont adhéré au mouvement.
Comme Ludivine, 21 ans, licenciée en philosophie, qui a quitté les études pour travailler :
Je cumule trois emplois et je ne m’en sors pas. J’ai vu mes parents galérer toute leur vie.
Autre Gilet jaune, Timoléon est à 27 ans plombier chauffagiste au chômage, il exprime son :
Ras le bol général de la représentativité de l’exécutif.
Plusieurs habitants les ont questionnés sur les origines et les objectifs des Gilets jaunes.
« Enfin », lâche une dame aux cheveux argentés. « Cela fait, 10 ans, 15 ans, que je me dis quand est-ce qu’ils vont bouger. Car seul le peuple peut faire bouger les choses.
« Un réveil citoyen »
« Ce qui a fait bouger les choses, c’est la taxe carbone, mais c’est surtout un changement radical de politique que l’on souhaite », répond Ludivine.
Moi j’ai vu un réveil citoyen, c’est parti, enclenché, ça va suivre. Il y a aujourd’hui des revendications politiques, plus dignité donc un changement réel.
« Du mal à finir leur mois »
« Les Gilets jaunes sont les gens oubliés et méprisés depuis longtemps », enchaîne un représentant de la France Insoumise.
Dans les manifestations des Gilets jaunes, il y a des gens divers mais avec un trait commun : ils ont du mal à finir leur mois.
Jérémy, « un des moteurs sur Facebook des Gilets jaunes », rappelle que le mouvement « est né sur les réseaux sociaux. Ensuite les idées émergent et les gens parlent. »
La très grande majorité des personnes présentes à la réunion déplorent les inégalités de la société française. En particulier les plus riches, certains exilés fiscaux.
« Est-ce que Macron va changer sa politique ? », interroge un homme.
« Ce n’est pas à Macron de changer, c’est à nous de changer »
« Mais ce n’est pas à lui de changer, c’est à nous de changer », répond une autre personne de l’assistance.
Le débat et les échanges se poursuivent sereinement et déjà on s’interroge sur les suites à donner au mouvement, « à cette colère des Français. »
« C’est bien que lors de ce genre de réunions, les gens se voient, échangent et expriment leur proposition », intervient un habitant du quartier.
Sur les réseaux sociaux, chacun a ses humeurs. A un moment il faudra un consensus.

Lors du débat, une dame intervient : « Il y a un mépris des retraités. On nous fait passer pour des assistés. » (©Arnaud Héroult/Liberté Le Bonhomme Libre.)
Une idée émerge, c’est de la représentativité des Gilets jaunes. Un enseignant prend la parole : « je n’ai pas vu beaucoup d’enseignants dans les Gilets jaunes, mais moi j’ai vu beaucoup de parents d’élèves. »
En 2019 il y a les élections européennes. La colère doit aller dans les urnes. Il faut voter.
« Le premier objectif des Gilets jaunes était d’ordre économique, mais cela devient d’ordre politique » convient Ludivine qui refuse de passer pour une responsable ou leader des Gilets jaunes. « Aux Gilets jaunes il n’y a pas de chef. Il y a aussi une répression si on est responsable, on doit faire attention », pense la jeune femme.
« La question de la représentation nationale »
Le référendum d’initiative populaire est aussi une des revendications de beaucoup de personnes. « Mais pour poser quelles questions », lance Antoine Casini.
Un homme propose : « pourquoi ne pas aller sur une dissolution de l’Assemblée nationale avec ensuite une représentation des Gilets jaunes ? »
« La dissolution de l’assemblée peut se poser », répond Antoine Casini. C’est en effet la question de la représentation nationale. »
C’est peut-être alors le début d’un mouvement politique à part entière.
Un deuxième débat de ce genre est d’ores et déjà prévu, ce sera le 12 janvier 2019, toujours à Caen, dans les quartiers Saint-Jean-Eudes – Pierre Heuzé.

A Caen, une quarantaine de personne a assisté au débat en présence de Gilets jaunes. (©Arnaud Héroult/Liberté Le Bonhomme Libre)