
Une chèvre naine rescapée (©Un refuge un coeur)
À Bompas, commune des Pyrénées-Orientales, l’association Un refuge un coeur, qui recueille les animaux en difficulté et présidée par Céline Henri, a vu sa petite famille s’agrandir avec l’arrivée de cochons et de chèvres, sauvés d’une maltraitance quotidienne et d’un destin funeste dans une ferme des environs. Le sauvetage a été encadré par la gendarmerie, le mardi 2 avril 2019.
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Une ferme sordide
Alors que les bénévoles de l’association se rendaient aux environs de Bompas pour une affaire de maltraitance de cheval, ils ont aperçu la ferme « faite de bric et de broc ». Ils ont décidé de s’y arrêter, et ont demandé à un garçon, qui courait derrière un âne, de leur servir de guide. Un bref coup d’oeil sur la ferme a suffi aux membres de l’association pour comprendre quelles activités sordides s’y déroulaient, ils ont alors prétexté de prendre les animaux en photo pour choisir ceux qu’ils achèteraient à leurs enfants.
Les bêtes, en très mauvais état, pouvaient en effet être achetées : 50 euros le cochon ou le chiot (non tatoué ou pucé), 120 euros la chèvre. La possibilité de les acheter… abattus était gracieusement comprise dans le prix.
Céline Henri témoigne :
Nous sommes parvenus à épargner ses pauvres bêtes d’innombrables souffrances et de pendaisons assurées. C’était horrible !
La ferme de l'horreur🆘🆘🆘🆘🆘🆘🆘🆘🆘🆘🆘🆘🆘🆘🆘🆘 besoin d'aide❗❗❗au terme d'une enquête minutieuse Nous sommes parvenus à…
Publiée par Un refuge un cœur sur Mardi 2 avril 2019
Des cadavres partout
Sur place, les membres de l’association découvrent rapidement de nombreux cadavres d’animaux. Partout par-terre traînaient des os, des cartouches de fusil, des peaux de chèvre et de mouton. Dans le parc des cochons il y avait également des os. Sur une étagère trônaient des têtes de chèvres ou des pattes d’ânes.
Quand les membres de l’association ont demandé à leur guide ce que cela signifiait, il leur a raconté une vague histoire d’incendie… Selon Céline Henri, il s’agirait plutôt de trophées, « fièrement exposés » par le propriétaire des lieux qui se livrait à l’abattage illégal de ses bêtes…. Le petit groupe s’est ensuite rendu dans l’enclos des chiens, où il y avait deux chiens cadavériques et leurs petits.
Un propriétaire déjà inculpé
La ferme du propriétaire, qui est également chasseur, est faite en grande partie d’éléments récupérés un peu partout. Il n’y a ni eau, ni électricité, ni fosse sceptique. Selon Céline, il semblerait d’ailleurs que le propriétaire ai déjà eu une interdiction d’exercer, et des problèmes avec la gestion de ses animaux.
Après leur visite, les membres de l’association ont contactée la gendarmerie de Bompas, qu’ils ont accompagnée pour la réquisition des animaux le mardi 2 avril, à 14 heures. Malgré la pluie, la boue et la présence du propriétaire pour le moins mécontent, tout s’est assez bien passé. Les animaux ont été récupérés par l’association de Céline Henri. Les cochons, qui n’avaient pas l’habitude d’être manipulés par les humains (ou du moins pas d’une manière douce) sont heureux dans leur nouveau parc, au refuge. Quant aux chevreaux et aux chiots, ils y sont biberonnés.
L’affaire est pourtant loin d’être terminée. Le propriétaire a un mois pour se mettre en règle, sans quoi sa ferme sera saisie. Céline Henri salue le travail des autorités, qui ont eu une « très bonne réactivité » : 48 heures seulement après que l’association ait découvert la ferme, le propriétaire était entendu pour abattage illégal.
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Appel aux dons et aux bénévoles
Quoiqu’il en soit, il est certain que les animaux de la ferme vont désormais mener une vie paisible au refuge, en tant qu’animaux de compagnie. Ils pourront également être adoptés, mais uniquement par des propriétaires bienveillants. L’adoption n’est pas urgente puisque « Un refuge un coeur » possède une site de 17 hectares, où 2 000 à 3 000 mètres carrés sont réservés à chaque groupe de 2 ou 3 animaux, selon leur entente. Il y a également de la place pour 250 chiens, avec des niches en plein air.
Mais l’association, qui n’existe que depuis 3 mois, ne compte pas s’arrêter là : elle souhaite construire de grands parcs, afin de faire de son refuge non pas un simple lieu de transition mais un véritable havre de paix pour les animaux : autant dire que les cages ne sont pas envisagées. L’association souhaite également agrandir son service d’enquête, pour s’assurer qu’une autre « ferme de l’horreur » ne voit pas le jour.
Toutes ces initiatives ont un coût, et c’est pour cela que « Un refuge un coeur » lance un appel aux dons financiers et aux bénévoles. Ils ont créé une cagnotte leetchi.
Sophie Delahaut