Par Tangi Thierry
Un dimanche aux Capucins. Sous le ventre de béton et d’acier qui, hier, abritait les ouvriers et leurs machines, règne aujourd’hui une tout autre effervescence. Trottinettes, rollers, skates, pianistes de passage, danseurs de hip-hop, jongleurs, dessinateurs, photographes, familles, badauds… La vie bat son plein.
Pari gagné pour la Ville. Les Brestois affluent en nombre et au milieu de cette foule qui déambule, évidente et bien vivante, la jeunesse. Son énergie insolente, décomplexée et créative qui réinvente les lieux.
Pianistes
Passage des Arpètes, de nouveaux apprentis profitent du piano. Killian est de ceux-là. 18 ans et autodidacte, il vient régulièrement jouer et s’exercer, le week-end comme la semaine. Profitant du calme mais aussi de l’auditoire pour lequel il aime interpréter du Tiersen ou du Einaudi. Il apprécie l’instrument mis à disposition et l’acoustique exceptionnelle mais pas que. Pour lui, « partager est tout aussi important, offrir de petits moments d’évasion au public qui ne manque pas de s’arrêter et de me remercier pour cette page musicale improvisée ».
- A voir aussi : Gildas Vijay-Rousseau au piano dans les ateliers
En contrebas, trois jeunes femmes répètent un spectacle de danse orientale. Tous les samedis, elles se retrouvent au pied des grandes fenêtres qui leur offrent la lumière et la vue pour répéter leur cabaret en devenir.
Skateurs et breakers
Quelques trottinettes croisées, un hoverboard et déjà un bruit caractéristique nous signalent que les skateurs ne sont pas loin. Leurs silhouettes mouvantes apparaissent, serpentant et décollant du sol au son des planches qui claquent.
À l’étage, près du téléphérique, Damien, lui, distille ses conseils à un danseur qui s’élance tête la première. « Ici on break sur le bois, plus accueillant que le béton. Mais il faut se méfier des échardes », nous explique-t-il en souriant. Membre de Training Capucins, un groupe Facebook qui s’autogère et sur la page duquel les amateurs de danse se donnent rendez-vous, Damien souligne l’émulsion que l’endroit génère. « J’aime l’interaction sociale, les rencontres, le “quartier” qui se délocalise de la MJC » à ces Capucins qui définitivement s’imposent comme le nouveau cœur de Brest. Palpitant !

Terrain de glisse
Avec leur surface au lissage impeccable, leur espace ouvert et couvert, leurs vestiges de machines laissées ici et là comme autant de tentations interdites, les ateliers des Capucins font figure de terrain de glisse idéal et ce n’est pas Benjamin ou Paul qui le démentiront. Tous deux skateurs, c’est le plus souvent en bande qu’ils arpentent l’immense hall chauffé. Paul nous parle des anciens spots qu’ils fréquentaient selon la saison : le parking de l’UBO, Recouvrance, bas de Siam, l’incontournable jardin Kennedy, délabré mais fédérateur.
Et maintenant, s’il préfère jouir avec son crew de ce nouveau spot, plus confortable, il a bien conscience des limites qui vont vite s’imposer. Ainsi, face à ce phénomène grandissant (on skate maintenant en famille), au besoin indéniable d’infrastructures dédiées, espère-t-il que la ville leur attribuera un espace. Du côté de la mairie, une réflexion plus globale, incluant des équipements pour enfant, est d’ores et déjà entamée.