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Procès des meurtres d'Élise et Julien à Rouen : récit de quatre jours décisifs d'enquête

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Il a fallu quatre jours aux enquêteurs de la PJ pour retrouver le suspect des meurtres d'Élise et Julien à Rouen (Seine-Maritime) en 2015.

Il a fallu quatre jours aux enquêteurs de la PJ pour retrouver le suspect des meurtres d’Élise et Julien à Rouen (Seine-Maritime) en 2015. (©Adobe Stock/Illustration)

Il a fallu un travail minutieux de recoupement, d’exploitation de données, de recueil de témoignages pour permettre aux enquêteurs d’aboutir à l’interpellation de Jean-Claude Nsengumukiza à Rouen (Seine-Maritime). Mardi 2 avril 2019, la deuxième journée du procès des meurtres d’Élise et Julien, ainsi que du viol de la jeune femme, a fait la lumière sur l’enquête et les éléments qui ont accablé l’accusé.

Un dernier SMS inquiétant

C’est en début de soirée, le 20 décembre, qu’ont été découverts les corps. Les amis d’Élise s’inquiétaient de ne pas avoir de nouvelles, à l’issue d’une soirée au XXL. « Ce n’était pas dans ses habitudes », assure Anthony, son meilleur ami qui avait passé la soirée avec elle dans le bar de nuit. Il poursuit, la gorge nouée :

Quand on est sortis, elle est repartie avec Julien qui était mal en point, pour qu’il dorme chez elle. J’ai proposé de les raccompagner chez elle, mais elle n’a pas voulu. Je suis reparti chez mon copain.

Lui et Élise ont continué à échanger des SMS pour se donner des nouvelles. Le dernier message de la jeune femme est parti vers 4h30 mais Anthony, endormi, ne l’a pas vu. Elle écrivait : « Bon, la situation n’est pas très rassurante ». Inquiet de ce dernier message, qu’il a vu quelques heures plus tard, à la mi-journée, et de l’absence de nouvelles de son amie, Anthony s’est rendue chez elle.

Après avoir sonné en vain à l’interphone, il est finalement parvenu à rentrer dans l’immeuble en suivant un autre locataire. Pas de réponse lorsqu’il a frappé à la porte et à la fenêtre. Il est repassé un peu plus tard, mais n’a pas pu rentrer dans l’immeuble : toujours aucune réponse à l’interphone.

Anthony et d’autres amis ont commencé à « s’affoler ». Florian, ami de longue date d’Élise, et Kévin se sont rendus à leur tour à l’appartement place de la Pucelle. Ils sont entrés dans l’immeuble dans le sillage d’un locataire. En poussant la fenêtre, ils ont remarqué qu’elle était ouverte. Kévin est rentré par cette ouverture, a allumé les lumières et levé le drap qui recouvrait les deux corps. « J’étais choqué », témoigne Florian, qui connaissait Élise depuis huit ans. Kévin est aussitôt sorti de l’appartement et a prévenu les secours.

L’exploitation du moindre indice

À partir de là, l’enquête a débuté pour le Service régional de police judiciaire (PJ). Le moindre indice, la moindre trace, tout est relevé. Les corps, présentant tous deux de nombreuses lésions, sont examinés par des médecins légistes, sur place, puis à l’institut médico-légal où ils sont également autopsiés. Des examens supplémentaires ont été réalisés par un anatomo-pathologiste. Les trois experts ont conclu à une mort par asphyxie, consécutive à une strangulation. Tous ont émis la forte présomption de l’intervention d’un tiers. Le corps d’Élise portait des traces d’agression sexuelle. Selon l’anatomo-pathologiste, le décès de Julien est survenu avant celui d’Élise.

Lire aussi : Double meurtre d’Élise et Julien à Rouen : une famille veut engager la responsabilité de l’État

Parallèlement, les agents de la PJ ont enquêté pour retracer la chronologie de la soirée grâce aux témoignages. Élise a passé la première partie de la soirée chez des amis, dans l’Eure. Elle est repartie avec Florian, qui l’a déposée au XXL où elle a rejoint son meilleur ami Anthony. Julien, lui, était chez lui puis au Milk, avec une amie et collègue, avant de rejoindre le XXL, où il a donc passé la soirée en compagnie d’Élise, Anthony et d’autres amis.

La vidéosurveillance d’un arrêt de Teor a montré Élise et Julien accompagnés d’un autre individu, africain, avec des dreadlocks, assez imposant, peu après leur sortie du bar de nuit. Élise et l’individu, qui sera identifié plus tard comme Jean-Claude Nsengumukiza, aidaient Julien, ivre, à se déplacer. Une autre vidéo, du restaurant, montre l’arrivée des trois individus à proximité du domicile d’Élise. La même caméra a filmé le départ de l’accusé, le dimanche après-midi.

D’abord interpellé pour un autre motif

Ces vidéos ont permis d’avoir un signalement du suspect. Quatre jours après le double meurtre, le 24 décembre, lors d’un contrôle d’identité non loin du XXL, un homme faisant l’objet de deux fiches de recherche, notamment pour ne pas avoir communiqué d’adresse dans le cadre de son suivi par le fichier des délinquants sexuels, est interpellé par les policiers de la Bac (Brigade anti-criminalité). Jean-Claude Nsengumukiza est condamné en comparution immédiate et incarcéré pour ces faits.

Les policiers notent des similitudes entre l’individu interpellé et un signalement circulant dans les services, concernant le suspect des meurtres et du viol survenus quatre jours auparavant place de la Pucelle. Des blessures sur ses bras leur ont également mis la puce à l’oreille.

« On peut supposer qu’il a nettoyé, dormi sur place »

Quatre jours plus tard, les nombreux prélèvements ADN effectués dans l’appartement (qui a visiblement été nettoyé) et sur les corps, ont permis de relier le ressortissant aux multiples identités, à la scène de crime. Difficile en revanche de déterminer ce qu’il a pu faire durant les 11 heures entre son arrivée chez Élise et son départ. « On peut supposer qu’il a nettoyé, dormi sur place, peut-être volé de l’argent en liquide, été réveillé par l’interphone qui a été retrouvé décroché », liste l’enquêteur interrogé durant l’audience.

Jean-Claude Nsengumukiza n’a en tout cas pas interrogé pour donner sa version des faits durant cette journée. Il en aura l’occasion jeudi, lors de son interrogatoire devant la Cour.

Lire aussi : Double meurtre d’Élise et Julien à Rouen : deux ans après, le suspect déclaré pénalement responsable

Peut-être manifestera-t-il davantage d’émotion que face aux photos des visages et des corps des deux victimes et aux larmes de leurs proches, sur le banc des parties civiles. Tout au long de cette deuxième journée d’audience, l’accusé est resté stoïque, affichant surtout des signes de fatigue.  

Mercredi 3 avril 2019, de nouveaux témoins seront entendus. Suivra la déposition d’un expert psychiatre.


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