
Le bébé, qui venait de naître, avait été retrouvé au pied d’un immeuble de l’Almont, à Melun, en octobre 2014 (©La Rep 77/archives)
La question du déni de grossesse devrait être au centre des débats. À partir de ce mardi 5 mars, Aurélia comparaît devant la cour d’assises de Seine-et-Marne, à Melun pour le meurtre d’un mineur de 15 ans. Son nouveau-né avait été retrouvé au pied d’un immeuble du quartier de l’Almont, dans la ville-préfecture. Les faits s’étaient produits en octobre 2014, en pleine après-midi.
Amnésie
Ce jour-là, les policiers sont appelés après la découverte du corps d’un nourrisson au pied d’une tour de 14 étages. Selon les premières constatations, l’enfant est né à terme et viable. La cause du décès est un traumatisme crânien et abdominal ayant entraîné une hémorragie. Des lésions compatibles avec une chute de grande hauteur…
À l’époque, un témoin avait indiqué avoir vu une femme jeter ce qu’elle pensait être une poupée, « lâchée du 4e ou 5e étage» par une femme qui, vu la distance, n’avait pas pu être identifiée. Les investigations de la police convergent toutefois vers une jeune femme de 18 ans, lycéenne à l’époque des faits et scolarisée dans un établissement de l’agglomération.
Celle-ci est entendue par les enquêteurs et conteste avoir été enceinte. Mais quand on propose un examen médical de vérification, elle reconnaît être la mère avant d’être finalement placée en garde à vue. La jeune femme – âgée de 18 ans au moment des faits – se souvient s’être levée, prise de douleurs au ventre. Après avoir poussé pour le mettre au monde, le nourrisson serait tombé dans la cuvette des toilettes.
Expertises
Elle l’aurait alors observé pendant plusieurs minutes et avait indiqué aux enquêteurs que celui-ci n’avait eu aucune réaction, laissant à penser qu’il était mort-né. L’accusée indique également n’avoir aucun souvenir de ce qui s’est passé ensuite. La jeune femme était partie faire des courses avec sa mère et sa sœur. Si des rumeurs de grossesse avaient été persistantes dans son lycée, sa famille n’avait, semble-t-il, rien perçu.
Les questions de déni de grossesse et d’amnésie devraient être au cœur des débats puisque les expertises menées ne convergent pas. L’une évoque un trouble psychique ayant altéré son discernement avec « un mécanisme d’amnésie », l’autre estime « que la perte de mémoire n’est pas crédible », émettant l’hypothèse d’une grossesse refusée, puis dissimulée. Les débats doivent durer quatre jours, le verdict est attendu le vendredi 8 mars.