Arrivée de pèlerins au Mont Saint-Joseph, à St-Jean-Lagineste, sur les hauteurs de Saint-Céré.
Pourquoi cette envolée de la cote du prénom Joseph depuis quelques années ? Si 300 petits Joseph naissaient chaque année en France dans les années 2000, ils sont trois fois plus nombreux depuis trois années à voir le jour.
Les chrétiens de France se placent, eux aussi, en plus grand nombre sous le patronage de cet homme à la fois tendre et fort, choisi pour être le protecteur de Jésus et de Marie. Sa place à la tête de la Sainte famille et son rôle auprès de Jésus dans ses années de jeunesse en font l’un des saints les plus populaires et les plus vénérés. Prié en tant que patron des pères de famille et des travailleurs, Joseph se voit confier une multitude de causes pour trouver du travail, un logement, pour demander la grâce d’avoir un enfant ou pour protéger une famille.
Après avoir souffert d’une réputation d’un personnage discret, qualifié de grand silencieux (pas une phrase ne lui est attribuée par les évangélistes), ce n’est pas un hasard si l’exemple de Joseph prend de l’importance de nos jours. À travers la crise de la masculinité que traverse notre société, il est là pour nous rappeler le rôle du père, de l’époux, de l’homme.
D’où la croissance des groupes de « prières des pères » un peu partout sur notre territoire. Ainsi fleurissent désormais des prières et neuvaines qui invoquent sa protection.
Cotignac, Vézelay, L’Île-Bouchard, Le mont Saint-Michel, Le Puy-en-Velay, Notre Dame de Paris, Rocamadour… À ces lieux nationaux de pèlerinage, se greffent des lieux de dévotion plus humbles. Comme au Mont Saint-Joseph, ce « haut » sanctuaire (à six cents mètres d’altitude), situé à la limite du Quercy et de l’Auvergne, qui domine le village de Saint-Jean-Lagineste, tout près de Saint-Céré.
Le pape François proche de Saint-Joseph
Le pape lui voue une attention toute particulière. Dès sa messe d’inauguration, le 19 mars 2013, jour de la solennité de saint Joseph (clin d’œil providentiel !) Jorge Bergoglio s’exprime sur sa grande tendresse : « Saint-Joseph apparaît comme un homme fort, courageux, travailleur mais dans son cœur, on voit une grande tendresse qui dénote une véritable ouverture à l’autre ». Et sur sa dévotion sans bornes : « S’il y a une difficulté, j’écris un petit mot à saint Joseph, je le mets sous sa statuette que j’aie dans ma chambre pour qu’il prie pour ce problème » confie aussi le pape François. Cet attachement remonte au jour, où à Buenos Aires, alors qu’il est âgé de 17 ans, il acquiert, devant ce saint, la certitude de devenir prêtre « comme poussé par un étrange besoin ».
Comment vivre sa masculinité aujourd’hui ? Comment concilier courage, force et douceur ? Voilà quelques questions essentielles qui traversent de nombreux hommes à une époque de grande confusion identitaire.
Échange avec Denis Jubert, organisateur de la Marche des Hommes vers le sanctuaire Saint-Joseph qui a rassemblé en 2018, une quarantaine d’hommes venus du Lot mais aussi des diocèses voisins.
Êtes-vous un initiateur de ce pèlerinage ?
La Marche des hommes est née en 2009 d’un projet partagé avec un ami d’enfance et deux volontaires. Quatre hommes motivés pour prier saint Joseph, c’est peu ! Mais nous sommes partis et nous avons dormi sous la tente dans le froid, par -1 degré. Cette première édition laisse encore en moi, aujourd’hui, le souvenir d’un temps privilégié et ô combien fraternel que nous proposons à renouveler chaque année.
Pour vous, saint Joseph est-il un modèle en tant qu’homme, époux ou père ?
Pour moi, les trois dimensions sont totalement indissociables. Joseph est celui qui, renonçant à son confort et ses projets, a accueilli avec Marie, Jésus dans sa vie. Il nous invite, par son exemple, à « un lâcher prise » qui détonne et crée une respiration dans nos existences si bien planifiées. Il nous invite à nous laisser toucher par les appels de Dieu au risque de voir notre existence profondément bouleversée.
On attribue à ce saint beaucoup de qualités. Quelle est celle qui retient votre attention ?
Saint-Joseph manifeste une grande confiance en Dieu et à ses messagers. Ce qui emmène en moi une plus grande sérénité face aux événements.
Saint-Joseph patron des travailleurs vous aide-t-il au quotidien ?
Il m’aide parfois, lors de situations délicates de ma vie professionnelle. Mais je reconnais être plus sensible à la figure de l’époux et du père, protecteur de la Sainte famille.
Pourquoi selon vous sa dévotion est en augmentation depuis quelques années ?
Je ne parlerai pas d’augmentation mais plutôt de grande dévotion qui aujourd’hui se manifeste plus visiblement qu’autrefois. Et différemment aussi, comme au travers de pèlerinages. Dans une société où les familles sont fragilisées et malmenées, un élan naturel nous pousse, hommes et femmes, à orienter nos prières vers celui qui s’est vu confier la délicate mission de protéger la Sainte famille.
ANDRÉ DÉCUP