
Aujourd’hui, réhabiliter ou construire dans le centre de Gournay est devenu un vrai casse-tête. (©L’Eclaireur-La Dépêche)
Le campanile et sa belle cloche place d’Armes, les anciens remparts, la collégiale Saint-Hildevert… Bien que largement détruit il y a 75 ans, Gournay-en-Bray possède encore des monuments historiques ou des vestiges d’un patrimoine ancien qui ne sont pas sans poser certaines contraintes dans le domaine de l’urbanisme.
« La facture n’est pas la même »
En effet, ces édifices imposent une réglementation très stricte dans un périmètre assez large, voire trop stricte selon certains.
Le maire Eric Picard est de cet avis :
Dès qu’on souhaite réhabiliter une façade, on nous préconise d’utiliser des matériaux dits plus nobles, mais également plus coûteux. C’est vrai pour les édifices municipaux mais aussi pour les particuliers. Je peux prendre l’exemple des changements de fenêtres de la salle Charles Héquet. Interdiction d’utiliser du PVC mais plutôt opter pour des petites boiseries. Je peux vous dire que la facture n’est pas la même.
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« Toujours un frein au projet »
Et l’élu d’aller plus loin dans son raisonnement :
On nous parle de transition énergétique, d’améliorer l’isolation des édifices, mais dès que quelqu’un veut faire un ravalement de façade avec une isolation par l’extérieur, ça devient très compliqué car il y a toujours un frein au projet.
Face à ces contraintes et dans le cadre de la révision de son PLU (Plan local d’urbanisme), la Ville souhaite donc revoir cela, comme l’explique le maire :
Nous allons faire en sorte de créer une SPR (Sites patrimoniaux remarquables), c’est-à-dire une zone moins contraignante que l’actuelle ZPPAUP (Zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager).
Tout cela est très technique ! Toutefois, il faut savoir que les SPR permettent de simplifier la protection des secteurs sauvegardés. Son périmètre est par ailleurs défini librement lors de sa création.

La collégiale comme quelques autres monuments ou vestiges imposent des règle strictes d’urbanisme. (©L’Eclaireur-La Dépêche)
« Au niveau des matériaux et des couleurs »
Aujourd’hui, chaque projet inscrit dans une ZPPAUP est soumis à l’avis de l’architecte des bâtiments de France. À Gournay-en-Bray comme ailleurs, cela suppose de se plier à ses recommandations. Ce qui n’est pas toujours évident, comme le confirme ce propriétaire d’un bien situé place d’Armes :
J’ai un petit local que je voulais aménager, dont je souhaitais refaire une façade propre et où je voulais installer un distributeur à granules. Cela m’a été refusé. C’est aberrant, on veut faire avancer la ville et on nous fait reculer. Du coup, mon distributeur est à un autre endroit sur Ferrières.
Et cet artisan de poursuivre :
On a acheté il y a quelques années un autre bien. Quand on a voulu le réhabiliter, on nous a imposé des contraintes énormes au niveau des matériaux et des couleurs.
Eric Picard confirme la problématique :
J’ai quelqu’un qui va ouvrir une nouvelle boutique dans le centre. C’est une franchise avec ses codes couleurs. Mais il a fallu changer le blanc prévu en un autre blanc moins blanc pour satisfaire l’architecte des Bâtiments de France. On se met des bâtons dans les roues tout le temps.
« Il y a de quoi être démoralisé »
Un discours qui fait écho à ce couple qui souhaite réhabiliter des appartements en centre-ville et dont le projet est en stand-by. En cause, l’ouverture d’un mur pour y installer une porte d’accès aux logements.
En décembre 2017, les propriétaires nous expliquaient :
C’est la porte qui pose problème. Il y a de quoi être démoralisé. On y croit toujours, mais c’est pénible car tout est compliqué.
Depuis rien n’a bougé. Laurent que nous sommes retournés voir la semaine dernière, le déplore :
Juste à côté, il y a La Poste dont le bâtiment est une vraie verrue. Mais ça, pas de problème !
Ce dernier, comme tant d’autres, est évidemment favorable à un assouplissement des règles voulu par la mairie. Affaire à suivre.