
Les maires Marc Lecerf (Fleury-sur-Orne, au centre) et Patrick Ledoux (Louvigny, à droite), accompagnés du maire-adjoint fleurysien Lionel Muller, s’opposent à l’allongement de la piste de l’aéroport de Caen-Carpiquet. (©Grégory Maucorps/Liberté le bonhomme libre)
Patrick Ledoux et Marc Lecerf, les maires de Louvigny et de Fleury-sur-Orne, près de Caen (Calvados), s’opposent au projet d’allongement de la piste de l’aéroport de Caen-Carpiquet. Et ils le font savoir en cette fin d’année 2018.
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Problème principal : « le survol des maisons à basse altitude »
Le conseil municipal de Louvigny s’est d’ailleurs opposé unanimement lors de sa réunion du 3 décembre 2018.
Louvigny compte parmi les 40.000 habitants de l’agglomération impactés par les nuisances. Le problème principal pour les habitants est le survol de leurs maisons à basse altitude : en effet, l’axe de la piste actuelle nous laisse penser que la zone d’approche n’est absolument pas adaptée, précise le maire Patrick Ledoux.
La municipalité de Louvigny souhaiterait un passage plus au sud des avions, vers le boulevard périphérique.
Dans notre Plan local d’urbanisme (PLU), on a d’ailleurs interdit le développement de l’habitat vers le sud pour ne pas que les habitations soient trop près du périphérique et de la zone d’approche de l’aéroport. Et je pense qu’en étudiant sérieusement cette option, une grande partie de la contestation naissante disparaîtrait.
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« En plus du bruit, la question de la qualité de l’air »
A Fleury-sur-Orne, les problèmes sont similaires. Le maire et ses adjoints ont choisi d’exposer leur désaccord et leur questionnement sur le registre numérique de l’enquête publique avant de faire une délibération en conseil en janvier 2019.
En plus du bruit, il y a la question de la qualité de l’air, car ça ne sent pas bon du tout au décollage à Fleury, souligne le maire Marc Lecerf. Nous ne sommes pas contre l’avion, ni contre l’existence de l’aéroport ou contre le développement économique, mais les impacts environnementaux ont été oubliés. Il faut se donner les moyens de mesurer la qualité de l’air et mettre des capteurs pour voir s’il y a d’éventuels pics de pollution.

L’aéroport de Caen-Carpiquet a pour projet d’allonger sa piste de 1.950 m à 2.250 m. (©Liberté le bonhomme libre)
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« Avant, le bruit était acceptable. Aujourd’hui, c’est une vraie gêne »
Les élus arguent que le développement de l’aéroport dans la dernière décennie a changé les nuisances pour les habitants de Louvigny et de Fleury.
En 2010, il y avait 76.000 passagers par an. Le bruit était acceptable et accepté par tous. Aujourd’hui, c’est une vraie gêne pour tous, car on a atteint les 270.000 passagers et que l’objectif est à 500.000, soit une fréquentation multipliée par 7 depuis 2010.
Marc Lecerf ajoute que ce projet pourrait permettre à terme d’accueillir « des porteurs plus importants pour du fret en nocturne, ce qui ajouterait des nuisances ».
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Un coût pour les finances publiques
Les élus loupiacien et fleurysien pointent du doigt également le coût pour les finances publiques : 11 millions d’euros pour l’allongement de la piste, sachant que Caen la mer a déjà financé 7 millions d’euros pour des opérations de surfaçage et de sécurité en 2011.
Il y a déjà une piste de 2.400 mètres à Deauville. Pourquoi avoir abandonné l’idée de voir Deauville devenir l’unique aéroport normand ? N’a-t-on pas mieux à faire avec 11 millions d’euros, histoire de favoriser la complémentarité des aéroports ?
Un collectif contre l’allongement de la piste vient de se constituer à Louvigny. Une réunion publique sur le sujet est prévue le mardi 22 janvier 2019 à 20h30, à la salle des fêtes de Louvigny.
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