
Denis Jullemier, le nouveau président d’Habitat (ex-OPH77), ici au square de Lorient, veut lancer une transformation en profondeur de l’organisation , notamment en matière de tranquillité pour les locataires ©RSM77
En Seine-et-Marne, l’OPH 77 comptabilise 18 000 logements. Rien qu’à Melun, le parc immobilier est de près de 3000 logements. Le principal bailleur social du département – et de Melun – a annoncé de profondes transformations pour 2019, en matière de tranquillité résidentielle, d’abord, mais aussi au niveau des remontées d’informations des locataires.
« Dès mon arrivée à la tête de l’office, j’ai voulu me rendre compte par moi-même des conditions de vie des locataires, notamment à Montaigu, souligne Denis Jullemier, président de l’OPH77 qui devient Habitat 77. Il est impossible de vivre dans ces conditions et c’est pour cela que nous avons décidé de changements en profondeur. »
Occupation de halls

Une cage d’escalier au 13, square de Lorient (©La Rep 77)
Une enveloppe de 500 000 € a été allouée par le Département pour l’installation de caméras. Déjà testé à Provins, le dispositif sera prochainement installé dans le quartier Montaigu, dans des points stratégiques. Des équipes de sécurité privées vont également être testées pour assurer des patrouilles dans les parties communes.
« Cette équipe motorisée pourra intervenir notamment en cas d’occupation de halls, explique-t-il. Une expérimentation du genre a été menée avec succès à Lille et ces patrouilles pourraient débuter d’ici le printemps. » Un appel d’offres a été lancé et Habitat 77 aimerait, à terme, mutualiser cette équipe avec d’autres bailleurs locaux.
Satisfaction des locataires
Outre ces thématiques de tranquillité, une nouvelle politique de relations avec les clients doit être mise en place cette année. « Nous allons rattraper notre retard en matière de proximité avec les habitants et la satisfaction de nos résidents sera le marqueur de notre réussite dans l’avenir », promet le président. Dans les semaines qui viennent, tous les gardiens du parc seront par exemple équipés d’une application, SoWell.

La tour du 13 square de Lorient fait partie des sites les plus montrés du doigt de Montaigu, notamment à cause du trafic de stupéfiants (©La Rep 77)
En cas de dysfonctionnements signalés par des habitants, des photos et descriptions précises pourront être remontées pour davantage de réactivité. Un nouveau centre de relation clients est également lancé pour toutes les demandes de réclamations. Pour le suivi de ces demandes, le bailleur se dote d’Avis Locataires, une plateforme de suivi de la prise en charge des demandes.
« Des enquêtes seront également réalisées auprès des nouveaux locataires, 15 jours après leur arrivée dans le logement », promet-on chez Habitat 77. Et Denis Jullemier de conclure : « Nous sommes conscients du travail à réaliser et cela ne va pas se faire du jour au lendemain mais toutes les équipes travaillent dans le même sens pour recréer de la proximité. »
Renseignements : Centre de relation clients Habitat 77 (ex-OPH 77) : 01 64 14 11 11.
Témoignage. « Tout le monde veut partir d’ici »
Des emballages de fast-food répandus au sol, des préservatifs usagers dans les escaliers, des bouteilles d’urine voire des selles. Dans certaines parties communes de Montaigu, les locataires doivent vivre dans des conditions particulièrement sordides. Une situation que ne supporte plus Sophia*, une mère de famille qui habite ce quartier de Melun depuis plus de deux ans.
La raison de sa colère, notamment, les difficultés qu’elle estime avoir à faire remonter les problématiques auprès de l’OPH77. Insalubrité, saleté, nuisances sonores et dégradations dans les parties communes : la liste de ces griefs est longue et Sophia ne voit qu’une seule solution : partir. Elle a d’ailleurs lancé des procédures afin de trouver un nouveau logement.
« Je ne vais pas quitter le sud de l’enfer pour aller au nord de l’enfer de Montaigu »
« Tout le monde veut partir d’ici mais quand on fait une demande de relogement on nous propose de partir à 200 mètres. Je ne vais pas quitter le sud de l’enfer pour aller au nord de l’enfer de Montaigu, s’agace-t-elle. On ne peut pas élever des enfants dans cet environnement, dénonce-t-elle. Je suis déjà tombé à cause d’une flaque d’urine dans le hall. »
Sophia poursuit ses démarches afin de quitter le quartier. « Je n’arrête pas de les harceler mais cela ne donne rien, l’OPH doit être plus attentif aux situations qui se dégradent ». Photos à l’appui, la jeune femme a sollicité le service hygiène et prévention de la mairie de Melun mais aussi le délégué local du défenseur des droits.
« C’est un appel à l’aide car ce n’est plus vivable », conclut-elle. Interrogé sur cette situation particulière, Denis Jullemier précise que le secteur de Montaigu fait partie des priorités. « Je sais qu’ils vivent un enfer mais il n’est pas possible de reloger tout le quartier de Montaigu en dehors de Montaigu, indique le président d’Habitat 77. Cela va prendre du temps mais nous avons lancé un processus de transformation, basé sur la qualité et les échanges avec les locataires. »
*Le prénom a été modifié