
Fabrice Courcier s’est installé au Palais des Sports pour un peu plus de cinq mois. C’est le nouvel entraîneur du CBC. (©Aline Chatel / Sport à Caen)
Fabrice Courcier a été nommé entraîneur du Caen Basket Calvados en remplacement d’Antoine Michon, limogé de ses fonctions la semaine passée. Le Nordiste s’est engagé jusqu’à la fin de la saison. Sa mission ? Sauver le club en Pro B. Le coach, expérimenté, a une idée assez précise de la marche à suivre dans ce contexte.
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Fabrice, vous avez dirigé ce matin votre première séance d’entraînement à Caen. Quelles sont vos impressions ?
La première chose que j’ai faite en décidant de prendre l’équipe, c’est de procéder à un état des lieux. J’ai regardé les matchs. Après, j’ai eu la possibilité d’avoir un entretien collectif mercredi. Ce matin, j’ai eu un groupe très à l’écoute, qui a besoin de retrouver une certaine discipline, une certaine rigueur. On a déjà changé quelques fonds de jeu. Ils sont plutôt bien. Maintenant, l’entraînement, c’est une chose, les matchs en sont une autre.
Dans cette situation de changement de coach, la responsabilité unilatérale n’existe pas. Plusieurs facteurs font que cela n’a pas fonctionné. On peut parler des blessures, et notamment celle de Monteiro qui change totalement la donne, des matchs perdus après prolongation, des choses qui ont peut-être eu du mal à se positionner entre le staff et les joueurs… Je tiens aussi à avoir un mot pour Antoine (Michon), que je connais depuis longtemps. Je l’ai eu au téléphone pour lui annoncer que c’était moi qui prenais la suite. Je remercie les dirigeants de me faire confiance pour relever cette mission.
Les joueurs connaissent-ils leurs propres responsabilités ?
À partir du moment où les dirigeants ont décidé de changer d’entraîneur, je pense qu’il faut partir sur une nouvelle saison. On va mettre des choses au point, aussi bien dans la vie du groupe que sur le terrain. On va essayer de redonner confiance à chacun – c’est ma mission – afin de pouvoir utiliser le potentiel des uns et des autres à 100 % de leurs qualités. On va travailler sur le terrain et forcément mettre une philosophie de basket un peu différente. En termes de responsabilités, cela passera aussi par les entretiens individuels que je vais mener avec chacun des joueurs.
Un coach recruté en cours de saison n’arrive jamais dans une situation de confort. Est-ce toutefois une difficulté supplémentaire de débarquer en janvier dans ce contexte ?
Évidemment, quand un club change de coach, c’est souvent que les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes. Ça m’est arrivé déjà une saison à Denain. J’avais pris le poste au mois de janvier. Le groupe était seizième, on a fini treizième. Les conditions étaient un peu différentes. Le projet club était dans la difficulté de structuration et de finance. Aujourd’hui, le club de Caen est plutôt bien tenu dans sa structure et n’est pas soumis à des problèmes financiers. C’est juste un club qui n’a pas trouvé la dynamique pour avoir suffisamment de résultats et être au moins en position de maintien confortable, voire pour titiller les playoffs.
« Je ne suis pas certain que se dire qu’il reste beaucoup de matchs nous autorise à prendre plus de temps »
Ce n’est pas simple parce que quand on arrive, même si on veut faire table rase, il faut quand même garder un peu de ce qui a été fait avant. Il faut y apporter sa patte. Ma mission, c’est de pouvoir apporter des choses tactiquement parlant, mais d’avoir aussi un nouveau discours qui puisse nous amener sur une dynamique positive. On ne peut pas claquer des doigts et dire « on a changé le coach, maintenant on va gagner tous nos matchs ». Il va falloir qu’on travaille.
Tant qu’on n’a pas réussi à recadrer notre basket comme j’en ai envie, il va falloir qu’on soit encore plus intense que d’habitude. C’est aussi ce qu’attend le public caennais, une équipe ayant de la gnac. C’est peut-être aussi sur ce secteur-là de la combativité qu’il pouvait y avoir une baisse d’intensité gênante. Il faut qu’on travaille sur un domaine physique et un domaine basket pur pour que les joueurs puissent se retrouver sur des choses qu’ils maîtrisent.
Michaël Déjardin nous disait qu’il n’avait pas de baguette magique et que son successeur n’en aurait pas non plus. Combien de temps cela peut-il prendre pour que vous imposiez votre patte et créiez ce nouveau collectif ?
Déjà, je félicite et remercie Michaël de son intérim. Le changement peut aller très vite, parce que c’est surtout une question de discours. On peut récolter les fruits très rapidement, comme ça peut prendre plus de temps. Sans se mettre trop de pression, je ne suis pas certain que se dire qu’il reste beaucoup de matchs nous autorise à prendre plus de temps. On ne va pas dire non plus qu’on est en état d’urgence, mais il faut vite faire un point. Le premier point, c’est tout faire aujourd’hui pour consolider cette équipe dans son basket. On verra si ça passera ou s’il faudra changer. Les joueurs ont envie. Tout ce que j’espère, c’est qu’on récolte les fruits le plus vite possible.

Fabrice Courcier en conférence de presse. (©Aline Chatel / Sport à Caen)
« On est sur un club vraiment structuré »
Vous avez évoqué le paramètre physique, dont on peut penser qu’il a fait défaut jusqu’à présent. Avez-vous l’intention de conserver le même fonctionnement dans le club ?
Si j’ai accepté la mission, c’est en raison de différents paramètres. Est-ce que je me sentais capable d’apporter quelque chose au groupe ? Est-ce que je sentais que le groupe était capable d’être réceptif à mes messages ? J’ai le sentiment que les uns et les autres peuvent être meilleurs. Je vais prendre ce club pendant cinq mois et demi. J’ai besoin d’être accompagné en-dehors. J’ai un lien d’amitié avec Éric Fleury, puisqu’on a joué ensemble à Évreux. On a discuté. J’ai été reçu par les dirigeants. Je me suis renseigné sur la structure médicale du club, sa capacité à utiliser la préparation physique. Aujourd’hui, on est sur un club qui est vraiment structuré. C’est une structure de haut niveau pour un club qui ne vit que sa deuxième année de Pro B. Mon but n’est pas de bouleverser ce qui a été mis en place, mais c’est d’approfondir cette relation avec les joueurs. On va le faire ensemble, mais il va falloir qu’on travaille.
Jerrold Brooks ne produit pas son meilleur basket. C’est un vrai challenge de réussir à tirer de nouveau la quintessence de ce joueur ?
Oui, mais un peu comme tous. Si une équipe ne tourne pas rond, c’est qu’une panoplie de choses ne sont pas assez efficaces. On peut effectivement s’interroger sur les prestations de Jerrold en cette première partie de saison. C’est un joueur qui demande à être utilisé d’une certaine façon. Est-ce qu’il était dans son registre ? Est-ce qu’il a lui-même toutes les qualités aujourd’hui pour pouvoir reproduire le basket qui était le sien avant ?
Tout ce que je demande aujourd’hui à l’équipe, et notamment à Jerrold, c’est d’avoir un rythme de jeu plus soutenu. On doit se projeter vers l’avant beaucoup plus rapidement, on doit avoir une fluidité offensive qui nous permet de ne pas jouer à l’arrêt, on doit gagner dans cette agressivité parce qu’on ne va pas assez souvent sur la ligne des lancers-francs, tout en gardant une défense plus hermétique. Si on arrive à retrouver ça, Jerrold et d’autres vont retrouver leur basket. Maintenant, pour pouvoir jouer un basket comme ça, il faut que physiquement on soit à 100 %.
« Un état des lieux dans trois semaines »
Cette opportunité à Caen est-elle une manière de vous relancer à titre personnel ?
Se relancer, je ne sais pas. Déjà, il y aurait peut-être eu d’autres propositions après celle de Caen. Vous ne pouvez pas prévoir, vous le faites au feeling. Pour un entraîneur, il faut assumer prendre un club quasiment dernier de Pro B. Si ça ne bouge pas, vous serez l’entraîneur qui aura fini dernier de Pro B. Cette question-là, on ne se la pose pas. Par rapport à ce que j’ai pu voir, je pense qu’on est capable de se maintenir.
Le club envisage de recruter un meneur. Quelle est votre position à ce sujet ?
Toutes les situations sont ouvertes. Aujourd’hui, mon discours vis-à-vis des dirigeants est clair. Je dois pouvoir faire un état des lieux. On sait que beaucoup de choses peuvent changer rapidement. On sait aussi que le changement d’un entraîneur peut apporter une rébellion dans un groupe. Ce que j’ai soumis au club, c’est pouvoir utiliser les joueurs qui sont aujourd’hui au CBC. Dans trois semaines, il y aura une trêve de trois semaines. Après les matchs contre Rouen, Orléans et Paris, il sera toujours temps de faire un état des lieux.
A priori, pas d’arrivée dans l’immédiat ?
A priori.