
Samuel Lekaj a été élu personnalité de l’année 2018 sur notre site Internet, avec 2 607 voix sur plus de 6 400 votants. « Je ne pensais pas être aussi important, réagit-il. Tous ceux qui nous ont aidés méritent aussi cette reconnaissance »
Il vient d’être élu personnalité de l’année 2018 dans le Pays de Vitré. Samuel Lekaj s’est battu pour que sa famille, menacée d’expulsion, puisse continuer à vivre à Vitré.
Sagesse et sérénité. Deux traits de caractère qui qualifient rarement un adolescent de 17 ans. C’est pourtant ce que dégage Samuel Lekaj lorsqu’on l’écoute. Une maturité précoce que l’on comprend à l’évocation de son parcours.
Samuel et sa famille ont connu une année 2018 mouvementée. Riche en émotions de toutes sortes. Et en rebondissements. Fin mai, Mirela, Safet et leurs trois enfants, Samuel, Semir (16 ans) et Sabina (11 ans), recevaient une obligation de quitter le territoire français. Quatre ans après avoir fui l’Albanie.
A LIRE AUSSI : Vitré : la famille Lekaj, modèle d’intégration
« Je sens ma mère beaucoup plus épanouie »
Partant des réseaux sociaux et du lycée Bertrand d’Argentré, où Samuel est scolarisé, une forte mobilisation se forme autour de la famille Lekaj. Manifestations, pétition… Le mouvement, dans lequel l’aîné de la fratrie occupe une place prépondérante, connaît une telle ampleur que les Lekaj obtiennent finalement l’autorisation de rester en France, début août.
A LIRE AUSSI : A Vitré, la famille Lekaj régularisée
Aujourd’hui, Samuel a pris du recul sur cet épisode. Mais n’oubliera jamais l’énorme élan de solidarité qui a surpris et ému sa famille.
« Au début, j’ai eu un peu peur du regard des gens. Car je me souviens qu’il y avait déjà eu une petite mobilisation quand j’étais au collège. Mais à l’époque, je l’avais mal vécue. Le fait que tous les autres collégiens connaissent mon histoire, ça me mettait mal à l’aise. Mais cette fois, j’ai été surpris dans le bon sens. Tout le monde a été tellement compréhensif et chaleureux ! J’ai reçu des messages provenant de toute la France, de gens que je ne connaissais pas ! »
Le bac, « priorité absolue »
Désormais, son père bénéficie d’un permis de séjour. Il a pu retrouver son travail dans l’association Partage Entraide Vitréais. « Ma mère a obtenu un récépissé avec droit au travail, ajoute Samuel. Elle a retrouvé du boulot aussitôt. Je la sens beaucoup plus épanouie. »
Le fait de revoir ses parents heureux a « enlevé un poids » à l’adolescent. « Je peux à nouveau étudier et sortir avec mes potes tranquillement. Mon frère et ma sœur aussi se sentent mieux. »
Samuel Lekaj n’a aujourd’hui qu’une chose en tête : obtenir son bac scientifique. « C’est ma priorité absolue. Si possible avec une mention Très bien. » Après avoir hésité avec médecine, il s’oriente finalement vers le métier d’ingénieur.
« L’Albanie manque surtout à mes parents »
Le jeune homme a toujours été un excellent élève.
« En Albanie, nous étions toujours six ou sept très bons éléments au sein d’une classe d’une trentaine d’élèves. On aimait beaucoup parler en anglais entre nous. »
La vie en Albanie, il en garde des souvenirs heureux. Mais refuse de tomber dans la nostalgie. « On en parle à la maison et communique par Skype avec nos proches qui vivent toujours là-bas. L’Albanie manque surtout à mes parents. Pour nous, c’est différent, nous étions jeunes quand nous sommes partis. » Le départ a quand même laissé des traces :
« C’était pendant les vacances de Noël. Je pensais revoir mes copains à la rentrée. Mais nous sommes partis du jour au lendemain, sans dire au revoir. »
En septembre, il faudra encore prendre un nouveau départ. Cette fois pour les études. « Je vais prendre un appartement à Rennes. Je sais que je serai perdu là-bas, angoisse Samuel. Cela me fait peur, et je sais que cela fera bizarre à ma mère aussi. Elle sera heureuse de me voir rentrer le week-end ! »
Majorité et permis de séjour
Avant ce grand changement, Samuel va vivre une autre étape importante. Il aura 18 ans le 11 février. « Je dois faire une demande pour obtenir un permis de séjour. Elle sera traitée bientôt. » Il attend aussi le permis de conduire avec impatience. « J’ai eu mon code le 2 janvier. L’année a donc bien commencé. Et ensuite, j’ai appris que j’avais été élu personnalité du Pays de Vitré ! »
Une distinction qu’il reçoit avec beaucoup d’humilité :
« Cela montre que les gens éprouvent de vrais sentiments derrière la mobilisation qu’on a connue. Mais je ne pensais pas être aussi important ! Tous ceux qui nous ont aidés méritent aussi cette reconnaissance. »