
Le couple et le bébé au cours d’une randonnée en Arizona dans le parc national du Grand Canyon. Un souvenir magique.
Quand nous les avons rencontrés, Mélissa Petit et Vincent Besnier avaient encore la tête dans les nuages. Ce jeune couple de Calleville a vécu une véritable aventure sur le continent nord-américain pendant près de quatre mois, de juin à novembre dernier. « Le voyage d’une vie », disent-ils.
L’idée d’un road-trip avec leur petit garçon leur trottait dans la tête depuis un moment. Ils parlaient de tour du monde en rigolant.
Ils pensaient partir après leur mariage prévu l’été prochain. Mais ils ont finalement bouleversé leurs plans quand la nounou leur a annoncé qu’elle était enceinte.
On ne voulait pas la remplacer et on voulait passer du temps avec notre fils, on se disait qu’on n’allait pas le voir grandir », explique le couple.
Alors Vincent et Mélissa, 30 ans tous les deux, se sont organisés pour partir durant l’absence de la nourrice. « Et une fois que c’est dit, il n’y a plus le choix, il faut y aller. »
Elle a posé un congé sans solde de 5 mois, tandis que lui a profité de son congé paternité. Les animaux (chien, chat, chèvres…) ont été confiés à la famille.
Le camping-car plutôt que l’hôtel
Et les voilà donc partis en avion jusqu’au Nouveau-Brunswick, une province du Canada, pour rejoindre des amis, où ils passent quelques jours avant de démarrer leur périple en camping-car. « On l’a acheté sur place, racontent-ils. Trois mois sur la route, le camping-car était une meilleure solution que l’hôtel. »
Long de 8 m, le véhicule n’est pas jeune, il n’a pas servi depuis un bout de temps et consomme énormément.
On a eu besoin de 5 000 litres d’essence, ça a été le point noir du voyage, précise Vincent. On a utilisé une application pour trouver les stations les moins chères sur notre trajet. »
Le carburant a représenté la principale charge d’un budget total de 16 000 € pour le voyage. Chaque dépense était minutieusement étudiée.
Le camping-car les accompagne à travers les plaines du Canada, puis celles des États-Unis, un pays traversé d’est en ouest. Mélissa et Vincent sont partis sans attente, si ce n’est celle d’en prendre plein les yeux. Ils découvrent notamment Vancouver, Montréal, Ottawa d’un côté, San Francisco, Los Angeles ou New York de l’autre.
Les grands parcs
Le couple multiplie les randonnées avec le petit Gabriel dans le porte-bébé.
Ce qu’on a préféré, ce sont les grands parcs américains, comme Arches Park, en Utah, Monument Valley ou le Grand Canyon en Arizona, confie Mélissa. La gestion de ces parcs est très intéressante, ils sont hyper propres. On en a profité pleinement. »
La météo est superbe, il ne pleut que trois jours au cours des trois mois. À Las Vegas, le couple est même obligé de dormir les fenêtres du véhicule grandes ouvertes. Il faisait 38° la nuit… Autant dire que le moteur du camping-car avait besoin de refroidir. Le couple s’arrête régulièrement pour faire des pauses, ce qui lui vaut parfois quelques péripéties.
Comme cette fois où des riverains, surpris de voir des étrangers autour d’une aire de jeux, appellent la police. Ou sur une aire de repos, quand la famille voit arriver à pleine allure un camion droit sur elle.
Le chauffeur s’était endormi et le poids lourd s’est encastré contre un arbre, heureusement sans conséquence grave. Vincent, pompier volontaire, s’est porté à son secours. « Cela nous a fait peur pendant quelques nuits », se souvient la jeune femme. La famille passe parfois la nuit dans des quartiers pas très rassurants. « Mais on n’a eu aucun sentiment de crainte, le seul stress c’était quand nous dormions dans des endroits pas autorisés pour le stationnement », sourit-elle.

Le vieux camping-car a tenu le coup et n’a pratiquement rencontré aucun problème au cours
du périple. Seuls les pneus ont dû être changés en cours de route. (©Eveil Normand)
Au rayon des souvenirs aussi, ce petit-déjeuner avec vue sur le célèbre pont Golden Gate à San Francisco, ou les séances shopping pendant les cinq jours passés à New York, la ville que rêvait de découvrir Mélissa.
Le couple a vécu à distance la victoire de l’équipe de France lors de la coupe du monde de football, en écoutant la radio, grâce à une application. Vincent a fait retentir le klaxon du camping-car, le drapeau tricolore accroché à la fenêtre.
Et au hasard de leur périple, les jeunes parents ont croisé d’autres Français en train de vivre la même aventure qu’eux !
« Il faut oser »
À chaque étape, la famille avait un petit rituel : envoyer des cartes postales jusqu’à son domicile de Calleville. « Comme ça, on se disait que ça nous ferait plaisir de les relire une fois en France », sourit Mélissa, qui a tenu un blog tout au long du voyage pour informer les proches.
Ce voyage magique, cette aventure extraordinaire de 18 000 kilomètres, il a fallu y mettre un terme et rentrer. « On se rend compte que nous ne sommes pas les plus malheureux en France », soulignent les parents, éblouis par la démesure des États-Unis et le bon accueil qui leur a été réservé. Heureux aussi d’avoir passé des moments privilégiés avec leur petit garçon.
Avant de quitter l’Amérique du Nord, le couple a revendu le vieux camping-car à une famille qui a adoré la capucine qui avait été aménagée pour leur fils.
Maintenant, les futurs époux envisagent d’en acheter un nouveau pour parcourir l’Europe, guidés par l’envie de partager leur goût pour l’aventure et d’encourager tous ceux qui hésiteraient à franchir le pas. « Il faut oser », concluent-ils après avoir vécu « un truc de fou ».