
Fanny (alias Nifa), Liliane, Virginie, Aude, Christian, Paul et Patrick, lundi après-midi à l’intérieur du QG bâti grâce aux matériaux conservés des précédentes constructions, notamment des palettes de bois et des bâches. Une caravane, où Fanny assure une présence 24h/24, est installée dans le fond.
« Ce n’est qu’un au revoir » disaient-ils, avant les fêtes, en démontant eux-mêmes leurs installations sur le rond-point de la Lune. La trêve des confiseurs passée, les gilets jaunes de Brionne (Eure) ont décidé de reconstruire un baraquement. Au bord du rond-point cette fois-ci, le long du gymnase Beuvain.
Il s’agit d’un emplacement communal mis à disposition par la ville de Brionne « en soutien à notre action », indique Francis Di-Giorgio, porte-parole du mouvement, suite à l’organisation de deux réunions de concertation à la mairie, le 31 décembre et le 3 janvier, en présence de la gendarmerie.
C’est une sorte de quartier général, explique-t-il. L’objectif est de démontrer que notre action ne faiblit pas, contrairement à ce que certains voudraient faire croire, et de rassembler à nouveau les manifestants qui le souhaitent de manière conviviale, fraternelle et non violente autour de ce symbole qu’est le rond-point des braves. »
« Un problème sur le droit de manifester »
Le maire de Brionne a répondu favorablement à la demande des gilets jaunes pour leur permettre d’avoir « une présence visible, sans mise en danger », précise Valéry Beuriot. « Je les ai félicités pour le caractère exemplaire de leur action localement et je leur ai dit que le mouvement devait rester populaire en continuant dans cet état d’esprit, sans violence », ajoute l’édile.
Si les gilets jaunes se félicitent de toujours bénéficier d’une « grande sympathie des gens », les rapports sont par contre beaucoup plus compliqués avec la préfecture de l’Eure. Décidés à mener des actions ponctuelles et pacifistes sur des lieux marquants, ils avaient en effet prévu de manifester devant le Centre des finances publiques de Bernay pour réclamer la réduction des impôts et des taxes et la mise en place du référendum d’initiative citoyenne.
Mais à deux reprises, le 2 et le 7 janvier, la manifestation a été refusée après avoir pourtant fait l’objet d’une déclaration préalable de la part des gilets jaunes. « Il y a un problème de fond sur le droit de manifester », n’hésite pas à dire Francis Di-Giorgio, contrarié par les motifs exprimés par la préfecture.
Dans ses arrêtés, celle-ci évoque notamment la nécessité de prévenir « efficacement et de manière proportionnée » les troubles à l’ordre public susceptibles d’intervenir. La préfecture fait référence aussi aux barrages filtrants, menés sur des axes de circulation aux mois de novembre et décembre, qui « n’ont pas fait l’objet d’une déclaration dans les formes prescrites ». Elle considère que les entraves à la circulation génèrent des risques en matière de sécurité routière « tant pour les automobilistes que pour les manifestants eux-mêmes »…
Cette interdiction, prise jusqu’au 19 janvier, ne paraît pas justifiée aux yeux des intéressés.
Nos manifestations à Brionne se sont toujours passées sans violence, calmement, souffle Francis Di-Giorgio. Elles ont fait l’objet d’une déclaration en mairie. Et elles n’ont jamais provoqué d’accidents car nous avions pris des mesures de sécurité adéquates et nous avons toujours suivi les conseils des gendarmes en la matière. »
Le porte-parole estime donc que les arrêtés de la préfecture de l’Eure ne concernent pas les gilets jaunes de Brionne et il a déposé un recours gracieux auprès du préfet de l’Eure.
Une demande pour rencontrer le président Macron
Face à ces interdictions répétées, Francis Di-Giorgio ne cache pas son inquiétude : « On essaye de faire preuve de bonne volonté et de rester dans la non-violence, mais la colère monte », dit-il alors que des gilets jaunes brionnais ont participé à la manifestation mouvementée de Rouen samedi dernier.
Au QG, autour d’un café lundi après-midi, les gilets jaunes brionnais promettaient de ne rien lâcher :
On est peut-être moins nombreux, mais on est toujours là. On a tous trouvé une deuxième famille ».
Les braves deviennent « les irréductibles Gaulois ». Et alors que le président de la République débutera sa tournée des maires à Bourgtheroulde, mardi 15 janvier, le porte-parole annonce que les gilets jaunes de Brionne ont déposé auprès du préfet de l’Eure une demande « afin de pouvoir participer pacifiquement à cette rencontre et ainsi présenter nos revendications auprès de Monsieur Macron, mais aussi auprès des maires afin qu’ils acceptent désormais nos manifestations comme cela est le cas dans notre ville ».