
Le centre d’hébergement d’urgence Vanier, à la Pierre-Heuzé, est le seul de Caen à pouvoir accueillir des familles avec enfants. Les dessins au mur témoignent de cette ambiance apaisante. ©Nicolas Claich/Liberté – Le Bonhomme libre.
« Ici, c’est mieux que dehors. Il y a des douches, des toilettes. » Comme bon nombre de personnes en détresse, Claudian compose le 115 un jour sur deux. Arrivé à Caen (Calvados) il y a un mois, en provenance de Saint-Lô (Manche), cet Albanais cherche chaque matin où il va passer la nuit, avec sa femme et ses enfants.
Réfectoire et dessins d’enfants
Le dispositif d’hébergement d’urgence de l’État l’oriente vers le centre Vanier, à la Pierre-Heuzé. Ouvert en 2017 dans un ancien bâtiment de la direction des finances publiques, ce centre peut accueillir désormais jusqu’à 80 personnes, à partir de 17h chaque soir et jusqu’à 9h le lendemain matin. En cas de déclenchement du plan grand froid, 20 places supplémentaires pourront être mobilisées. Claudian insiste :
Ma femme est enceinte, c’est difficile de faire des allers-retours entre le centre d’accueil de jour et ici, mais c’est mieux que dehors.
Le centre Vanier est l’unique centre d’hébergement de Caen qui peut accueillir des familles. Ce qui explique que l’enceinte soit close d’une grille fermée par un cadenas, pour rassurer les parents. Dans les anciens bureaux des agents des impôts, dix dortoirs sont aménagés avec des lits de camp. Un confort spartiate, mais sous un toit et dans un bâtiment chauffé. Les quatre agents de l’ACSEA, l’association qui gère le centre pour le compte de la Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS), organisent la rotation, tous les deux jours, en fonction de la liste des bénéficiaires communiquée par le Service intégré d’accueil et d’orientation (115).

Dix dortoirs sont installés dans l’ancien bâtiment des Finances publiques, à Caen (Calvados), pour accueillir les personnes en quête d’un toit pour la nuit. (©Nicolas Claich/Liberté – Le Bonhomme libre.)
Un accompagnement social plus aisé
Un réfectoire est à disposition, où les personnes accueillies peuvent boire un café chaud, manger les plats récupérés grâce à la Banque alimentaire. Les enfants ont la possibilité de faire leurs devoirs ou simplement de dessiner sur des tables dans le hall d’accueil. Les dessins tapissent d’ailleurs les murs du centre. Le Préfet du Calvados, Laurent Fiscus, souligne :
L’accompagnement social est plus aisé ici qu’à l’hôtel. L’atmosphère est apaisante. Depuis 2016, nous sommes passés de 2000 places d’hébergement d’urgence dans le Calvados, dont 800 en hôtels, à 2800, dont 200 en hôtels. C’est un effort structurel important.
Une vingtaine de migrants accueillis
Depuis le 13 décembre, dix des 80 places du centre Vanier sont réservées pour les migrants présents à Ouistreham.
La Croix-Rouge a été missionnée par l’État pour effectuer une maraude dans la cité portuaire. Claude Gautier, le président de la Croix-Rouge à Caen, souffle :
C’est compliqué de les convaincre de venir dormir à Caen. Leur objectif, c’est l’Angleterre et ils sont prêts à supporter des conditions très dures, qui ne sont rien par rapport à ce qu’ils ont vécu pour arriver jusque là.
Seule une vingtaine de personnes a passé la nuit à Caen depuis l’ouverture du dispositif.
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