Clik here to view.

La nuée d’étourneaux sur le dortoir de Baupte à la tombée de la nuit. Ils y arrivent par groupes déjà compacts. (©La Presse de la Manche)
Comme le questionne Jean-Pierre Jacquet, agriculteur à Sainteny, délégué à la Communauté de communes de la Baie du Cotentin (CCBDC), lors d’une réunion communautaire :
Comment fait-on un lait de qualité quand des milliers d’étourneaux remplissent les mangeoires des vaches laitières ? Autour du dortoir, dans un rayon de 15, 20, voire 30 km, toutes les fermes sont impactées, et les pertes financières importantes.
La nuée d’étourneaux dort sur une saulée inondée de l’ancienne tourbière de Baupte, à Gorges et Saint-Jores. En effet, dans la journée, les étourneaux, par bandes, s’envolent vers les exploitations agricoles. Ils s’y attaquent aux semis de blé d’hiver, et vont picorer les grains de maïs sur les tables d’alimentation des vaches laitières. Ils y déversent quantité de fientes, ce qui n’est pas sans risque au niveau de sanitaire.
A LIRE AUSSI : Nouvelle campagne d’effarouchement à Cherbourg
« Un facteur aggravant »
Comme l’indique Stéphanie Quesnée, responsable qualité lait à la ferme, à la fromagerie Réaux – Val d’Ay, qui fabrique du camembert au lait cru AOP :
On trouve des salmonelles et des escherichia coli dans les fientes prélevées dans les auges.
Pour Denis Thomas, responsable des producteurs de lait à l’UCL Isigny-Saint-Mère qui fabrique aussi du camembert AOP au lait cru :
Les étourneaux sont un facteur aggravant de risques pathogènes, notamment au niveau des listéria, escherichia coli et salmonelle.
Risques sur le lait… et la nappe phréatique ?
Dans ces deux laiteries, tout lait présentant des éléments pathogènes est écarté de la fabrication au lait cru, et dirigé vers d’autres filières où il subit un traitement, car, « quand on travaille le lait cru, on n’a pas le droit à l’erreur », lance Stéphanie Quesnée.
La présence de ces étourneaux et, par conséquent, de leurs fientes, est un réel problème environnemental. Selon Jean-Michel Hamel, vice-président de la FDSEA chargé des nuisibles :
J’ai demandé à l’administration des carottages sous la tourbière, là où dorment les étourneaux, pour voir l’évolution de la traversée des fientes, et savoir si elles s’infiltrent jusqu’à la nappe d’eau. L’administration me dit que l’eau est bonne, mais pour combien de temps ?
Casser le dortoir d’étourneaux
« Effaroucher ne donne rien, capturer les étourneaux pour les détruire, c’est impossible. On voudrait la casse de ce dortoir en coupant la saulée, pour que les étourneaux s’éparpillent sur le Grand-Ouest. On veut une solution » que Pascal Ferey (président de la chambre d’Agriculture) est prêt à trouver. « Il faudrait y intégrer les laiteries », dit Jean-Pierre Jacquet, qui a fait appel à la CCBDC pour aider à résoudre ce problème.