
Emmanuel Macron le 7 mars 2019 lors d’une réunion du grand débat à Gréoux-les-bains. (©AFP/CHRISTOPHE SIMON)
Baisses d’impôts pour les classes moyennes, réindexation des petites retraites sur l’inflation, référendums locaux et suppression de l’ENA figurent parmi les principales réponses d’Emmanuel Macron à la crise des Gilets jaunes, selon le projet d’allocution que devait prononcer le chef de l’État lundi 15 avril 2019 et dont l’AFP a obtenu copie.
Présenté comme le grand tournant, voire un « quitte ou double » pour son quinquennat, ce discours a été enregistré lundi en début de soirée. Une adresse aux Français finalement annulée en raison de l’incendie de la cathédrale Notre-Dame à Paris.
Ce mardi 16 avril, Emmanuel Macron a bien pris la parole dans une allocution télévisée à 20h. Mais il n’a pas souhaité s’exprimer sur les mesures prévues, se concentrant uniquement sur la perspective de reconstruire Notre-Dame.
Je reviendrai vers vous comme je m’y étais engagé dans les jours prochains, pour que nous puissions agir suite à notre grand débat. Mais le moment n’est pas encore venu.
« Nous poursuivrons les réformes commencées »
« L’Elysée ne confirme ni ne commente les fuites dans la presse au sujet de la sortie du grand débat national », a réagi la présidence, après la diffusion du texte par plusieurs médias, dont l’AFP et franceinfo.
Dans ce texte, après cinq mois de mobilisation inédite des « gilets jaunes » et trois mois de grand débat, Emmanuel Macron promet de « fixer pour le pays un cap à 2025 ». « Nous poursuivrons les réformes commencées », assure le chef de l’État qui entend « conduire un projet agricole, industriel, écologique pour le XXIe siècle », mais sans annonces concrètes sur l’écologie.
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Des référendums ? Oui, mais à l’échelle locale
« Vous voulez, je l’ai entendu, être mieux représentés », devait-il dire, en assurant « partager cette conviction ». Tout en estimant que « nous devons, pour nos élections, en particulier au Parlement, avoir moins d’élus et un scrutin plus juste et significativement plus proportionnel ».
Pour répondre aux demandes pressantes des « gilets jaunes » et de certaines oppositions comme La France insoumise (LFI), Emmanuel Macron se dit « favorable » à ce que des référendums d’initiative citoyenne (RIC) « puissent être organisés sur certains sujets d’intérêts locaux ».
Il est en outre « favorable à ce qu’on puisse rendre plus accessible, en simplifiant les règles », le référendum d’initiative partagée (RIP), prévu par la Constitution mais extrêmement compliqué à mettre en œuvre.
Le texte prévoit qu’« une convention de 300 citoyens tirés au sort » sera installée « dès le mois prochain », en mai, chargée de « travailler à la transition écologique et aux réformes concrètes à prendre ».
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L’impôt sur le revenu revu à la baisse
D’après franceinfo, Emmanuel Macron avait également prévu d’annoncer un moratoire sur des hausses d’impôts, ainsi qu’une baisse de l’impôt sur le revenu, financée par la suppression de niches fiscales, la réduction de la dépense publique, mais aussi « la nécessité de travailler davantage ».
En revanche, le président n’aurait toujours pas l’intention de revenir sur la réforme de l’impôt sur la fortune.
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Les retraites de moins de 2000 euros réindexées sur l’inflation
Autre terrain sensible : les retraités. Le projet d’allocution contient, pour les retraites de moins de 2000 euros, la réindexation des retraites sur l’inflation à partir du 1er janvier 2020. Cette mesure très critiquée avait été annoncée fin août par Édouard Philippe.
Le 10 décembre, après trois semaines de crise des « gilets jaunes », Emmanuel Macron avait déjà annoncé renoncer pour 2019 à la hausse de la CSG pour ces mêmes retraites de moins de 2000 euros.
La prime exceptionnelle pérennisée
Le 11 décembre, lors d’une première allocution, le Président avait annoncé la mise en place d’une prime exceptionnelle de 1000 euros entièrement exonérée d’impôts et de charges. Versée par les employeurs sur la base du volontariat, la prime avait connu un certain succès. Le chef de l’Etat avait prévu d’annoncer sa pérennisation et ouverte aux employeurs « chaque année ».
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Plus de fermeture d’école ou d’hôpital d’ici 2022
Le texte comporte également une série de mesures ou d’adresses à l’endroit des territoires. Emmanuel Macron explique notamment ne plus vouloir « aucune fermeture d’école et d’hôpital jusqu’à la fin du quinquennat », « sauf demande des maires ».
Prenant acte que « beaucoup de nos concitoyens ont le sentiment que leur territoire est abandonné », le chef de l’État souhaite « assurer la présence des services publics » et « ouvrir un nouvel acte de notre décentralisation », notamment avec « plus de fonctionnaires sur le terrain, avec davantage de responsabilités », « et moins de fonctionnaires à Paris pour écrire des normes ou créer des règles ».
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Vers la suppression de l’Ena ?
Le président de la République se dit enfin favorable, selon ce projet d’allocution, à la suppression de l’ENA, dont il est sorti diplômé en 2004.
Avec AFP