
Le projet du futur terminal 4 de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle a été présenté lors d’une réunion publique organisée à la salle des fêtes de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). (©La Gazette du Val-d’Oise)
À l’unanimité… contre le projet.
Mardi 2 avril, devant plus de 150 personnes présentes à la salle des fêtes de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), le groupe Aéroports de Paris (Adp) a présenté son projet de création d’un nouveau terminal à Roissy.
Une réunion publique qui a vite tourné au cauchemar pour les représentants d’Adp, puisque les habitants ont exprimé farouchement leur opposition au projet.
Malgré tout, les représentants d’Adp ont tenté de convaincre l’assemblée de la pertinence de ce dossier.
« Il ne s’agit pas de la construction d’une nouvelle piste ni de l’extension du périmètre de l’aéroport », insiste Edward Arkwright, directeur général d’Adp.
Estimé entre 7 et 9 milliards d’euros
Ce dernier l’a rappelé : l’entreprise veut que Roissy fasse partie des plus grands hubs internationaux, à l’instar de Londres, Amsterdam ou encore Chicago.
« Il n’y aura pas un seul euro d’argent public dépensé dans ce dossier. Si toutes les autorisations sont réunies, le chantier pourrait démarrer d’ici à 2021, insiste Edward Arkwright. Ce projet de terminal devrait permettre d’attirer 40 millions de voyageurs supplémentaires d’ici à 2035. À terme, le lieu pourrait générer 50 000 emplois. »
Le coût de ce projet faramineux est estimé entre 7 et 9 milliards d’euros.
500 vols supplémentaires
Des explications peu convaincantes pour les habitants, qui ont manifesté de vives inquiétudes.
« Sur notre territoire, qui s’étend en largeur de Cergy-Pontoise à Conflans-Sainte-Honorine et en profondeur jusqu’à Évecquemont, dans le Vexin, nous sommes envahis des avions de l’aéroport de Roissy, en phase d’atterrissage », insiste Philippe Houbart, le président du Collectif d’associations contre les nuisances aériennes (Cirena).
Pour rappel, cette zone géographique est survolée par 1 300 avions chaque jour. Si le nouveau terminal voyait le jour, le trafic aérien passerait à 1800 avions, soit 500 vols supplémentaires au quotidien.
« Nous faisons face à un vacarme insupportable, 24h sur 24, sans oublier le déversement de tonnes de gaz d’oxyde d’azote, de suie et de particules fines qui ont des effets néfastes pour la santé des habitants », fulmine Philippe Houbart
Et de poursuivre : « N’oublions pas non plus de parler du rejet de tonnes de gaz à effet de serre, dramatiques pour le climat. Nous ne sommes pas des citoyens de seconde zone, nous voulons être à égalité de traitement avec les riverains de l’aéroport d’Orly (suite au crash d’un avion dans la forêt d’Ermenonville, en 1974, les riverains de l’aéroport d’Orly avaient eu gain de cause en obtenant le plafonnement d’Orly à 250 000 mouvements d’avions par an et le couvre-feu de 23h30 à 6h, ndlr).
Ainsi, le Cirena réclame l’instauration de mesures similaires, à savoir : limiter les mouvements d’avions de Roissy à 500 000 par an, réduire significativement les vols de nuit entre 23h30 et 6h avec, à terme, l’instauration d’un couvre-feu.
« Nous souhaitons également la mise en place rapide de la descente douce 24h/24, un projet repoussé sans cesse depuis dix ans… mais aussi l’interdiction des avions les plus bruyants qui le sont déjà à Nice, Toulouse et Nantes. Votre projet, nous n’en voulons pas ! », assène le représentant du Cirena, applaudi avec ferveur par l’assemblée.
Maîtrise des impacts
Pour Edward Arkwright, « Adp essaye de maîtriser les impacts. Plafonner les mouvements d’avions à 500 000 pour Roissy, c’est tuer le développement du transport aérien en Île-de-France. » Des propos qui ont provoqué des cris de protestation et d’indignation dans toute la salle.
Une habitante de Maurecourt a également pointé du doigt le nombre de vols incessants des avions au quotidien.
« Vous parlez des clients, des usagers, tandis que nous sommes survolés. Vous parlez du futur alors que l’existant est insupportable. Nous nous réveillons toutes les nuits et ne pouvons plus profiter de notre jardin. La colère gronde. »