
Au troisième jour d’audience, l’accusé a expliqué avoir été victime de pulsions sexuelles depuis l’âge de 17 ans. (©Illustration T.H.)
C’était en octobre 2013. I., 12 ans, quitte le collège Jean-Claude Chabanne de Pontoise (Val-d’Oise) accompagnée d’une camarade de classe qu’elle laisse à l’arrêt de bus Jean-Jaurès. L’adolescente poursuit sa route rue Lucien-Francia, en plein centre-ville, à quelques pas du tribunal de grande instance lorsqu’elle est abordée par un homme.
Il m’a demandé de l’aider à récupérer sa montre dans une poubelle. »
« Si tu parles je te tue »
L’individu l’entraîne dans un parking isolé, la ceinture par derrière et lui pose une main sur la bouche pour l’empêcher de crier. La menaçant de sortir un couteau, il l’agresse sexuellement puis s’en va en lui lançant : « si tu parles je te tue ».
« J’ai été pris par une pulsion »
Sur le banc des accusés, Charles C. assure ce mercredi 10 avril :
il s’agit de ma première agression. Je lui ai dit que ma montre était coincée et lui ai demandé de me suivre. Je n’ai pas fait attention à son âge. Je ne voyais pas l’image de la personne en face de moi. Ce n’était plus moi. J’ai été pris par une pulsion. »
Depuis lundi, le père de 38 ans originaire de Taverny, comparaît pour le viol et les agressions de douze adolescentes et jeunes femmes, âgées de 12 à 31 ans, entre 2003 et 2007.
Des faits commis dans le Val-d’Oise, les Yvelines, l’Oise et le Nord, avec un même stratagème qu’il utilisait pour attirer ses victimes : à chaque fois, il leur demandait de l’aider à retrouver sa montre coincée sous une pierre. Ce qui lui avait valu le surnom de « violeur à la montre ».
« J’avais envie d’éjaculer »
Au troisième jour d’audience, l’accusé a expliqué avoir été victime de pulsions sexuelles depuis l’âge de 17 ans. » J’ai eu besoin de les assouvir. » Après plusieurs faits d’exhibition sexuelle, il finit par agresser la collégienne de Pontoise.
J’ai eu une pulsion, c’était tellement fort je n’ai pas pu me contrôler. C’était comme une force en moi, je n’arrivais pas à me contrôler. J’avais envie d’éjaculer. Je suis passé à l’acte. Ce n’était pas pour la violer mais pour passer mon envie. »
Le violeur en série ajoute :
Si je m’étais fait soigner, je ne serai pas ici. »
Le stratagème de la montre régulièrement utilisé
L’homme est accusé d’avoir fait onze victimes par la suite. En novembre 2004 une femme est agressée sexuellement sous la N13 au Pecq (Yvelines). Un an plus tard, une autre y sera violée.
Entre janvier 2004 et janvier 2007, deux viols et trois agressions sexuelles sont commis à Éragny, Pontoise, Osny et Montigny-lès-Cormeilles. Les victimes, des adolescentes âgées de 14 à 19 ans surprises à l’heure du déjeuner.
Le stratagème de la montre étant régulièrement utilisé. L’Adn prélevé permet de vérifier qu’il s’agit du même agresseur.
Profil génétique et portraits robots
Un profil génétique qui ne correspond toutefois à aucune personne enregistrée dans les fichiers de la police. Celui-ci permet toutefois de rapprocher les dossiers de deux autres affaires de viols : celui d’une adolescente de 16 ans à Beauvais (Oise), en juin 2006 et d’une joggeuse de 31 ans à Douai (Nord).
L’accusé est également soupçonné d’être l’auteur d’une agression en 2015 contre une adolescente de 12 ans, à Éragny, qui avait réussi à lui échapper.
Malgré l’Adn, des portraits-robots réalisés et des investigations poussées, le violeur présumé a échappé aux enquêteurs durant des années. Ces derniers sont finalement parvenus à l’arrêter le 12 décembre 2016.
Son procès doit se tenir jusqu’à la fin de la semaine prochaine.