
Photo agence Émile Garcin
L’annonce est parue récemment dans la presse magazine nationale : le château de la Haye, à Saint-Hilaire-des-Landes, est en vente.
Classé monument historique, il s’agit de l’un des sites patrimoniaux les plus importants du pays de Fougères. Autant par ce que ses murs ont à dire, que par ce que représente la famille La Haye.
390 m2 et treize hectares
Le tournant ? Le décès de Lionel de la Haye, en mars 2016, quelque mois après celui de son épouse, Chantal. Il était âgé de 95 ans et avait fait du château familial un remarquable lieu historique, toujours très visité lors des journées du patrimoine, par exemple.
Les descendants de Lionel et Chantal (qui ne souhaitent par s’exprimer sur ce sujet) ont choisi de se séparer du château. La vente en a été confiée à l’agence Émile Garcin, spécialisée dans l’immobilier de luxe et de prestige en France et en Europe, et qui renforce sa présence en Bretagne (Côte d’Emeraude, Morbihan…). Le prix de vente du site est annoncé à partir du million d’euros.
Celui-ci est entouré de treize hectares boisés, tout près du bourg de Saint-Hilaire. Pour l’essentiel, le château date du XVIIe siècle (390 m2, sept chambres). Particularité : entouré d’un étang de trois hectares, il est construit sur un terrain marécageux et repose en partie sur des pilotis de chêne. Un tour de force technique révélé lors de travaux d’assainissement.

Château de la Haye, Saint-Hilaire-des-Landes (©Agence Emile Garcin)
La famille sur place depuis mille ans
Mais l’on trouve des éléments bien plus anciens à La Haye. Une tour ronde subsiste au milieu de la cour d’honneur, témoin de fortifications médiévales (XIIIe et XVe siècles). Les communs sont en partie construits avec des pierres sauvées elles aussi des châteaux primitifs.
L’entrée de la cour est marquée par un portail de pont-levis enjambant jadis une douve. Enfin, le château comporte une chapelle édifiée à la fin du XVIIe siècle.
Voilà pour les murs. Et les hommes ? Les La Haye forment l’une des plus anciennes familles du pays de Fougères. « Rarement en France, une famille portant le même nom n’a habité aussi longtemps, et sans interruption, un même lieu » note l’historien Marcel Hodebert dans une étude pour la société d’histoire et d’archéologie.
De Josselin de la Haye (Gosselinus de Haya, attesté en 1093) à Lionel de la Haye, des générations se sont illustrées « par une participation active à la défense du pouvoir central que ce soit, selon les époques, les barons de Fougères, les ducs de Bretagne, les rois de France, puis la République ».
Avec pour devise familiale, rappelle Marcel Hodebert, « Épargne le petit et ne crains pas le grand ».
Un trésor d’archives
En 2012, Lionel de la Haye a fait don de 11 000 documents d’archives familiales à la ville de Fougères, une cité à laquelle sa famille est très liée (cinq La Haye furent gouverneur du château de Fougères, dont une tour porte le nom de tour La Haye Saint Hilaire). Un cadeau considérable, avec des pièces remarquables comme cet acte de vente datant de 1253 (le plus ancien document désormais conservé aux Archives municipales de Fougères), ou cette bulle du pape Clément X, datant de 1689, évoquant Pierre François de la Haye. Sans oublier des documents signés par Louis XIV, Louis XVI ou encore Colbert…

Château de la Haye, Saint-Hilaire-des-Landes (©Agence Emile Garcin)