
Gabriel Dufils peut avoir le sourire. L’éleveur de Mesnil-en-Ouche a obtenu les papiers qui lui permettront de vendre ses vaches. (©DR)
Depuis juin 2011, le conflit qui opposait Gabriel Dufils et les services de l’Etat alimentait régulièrement les pages des journaux. Au fil des décisions judiciaires, l’éleveur installé à La Roussière (commune déléguée de Mesnil-en-Ouche, dans l’Eure) confiait ne pas vouloir baisser les bras.
En octobre 2018, l’Eveil normand titrait encore « L’éleveur ne se résigne pas ». Gabriel Dufils venait pourtant de se voir signifier une fin de non-recevoir de la part de la Direction départementale de la protection des personnes, à savoir obtenir les papiers d’identité pour ses 16 vaches jersiaises.
Ces fameux sésames, Gabriel Dufils vient enfin de les obtenir. Le préfet de l’Eure a délivré « sans condition » les papiers le 1er mars 2019, après « 7 ans, 7 mois, 29 jours » de combat, soit 2 801 jours, a compté l’agriculteur.
L’armistice a été signé par le préfet. Ils m’ont donné tous mes papiers, je peux vendre mes vaches.
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« Un gros soulagement »
Sans ces papiers, l’éleveur ne pouvait effectivement pas céder ses bêtes. Mais le cheptel – quatre vaches en 2011 – n’a fait que grossir, au fil des années et des décisions de justice. « Elles étaient une dizaine en 2014, puis, quand le Conseil d’Etat m’a donné raison en 2016, j’ai commencé à réinséminer. 2017 a été une année très dure, avec des vaches en lait, des fromages à faire. Je ne pouvais plus m’occuper de mes bêtes, je ne faisais plus les marchés », livre Gabriel Dufils.

Gabriel Dufils (photographié en famille en 2015) élève des vaches jersiaises à La Roussière. (archives ©FL/Eveil normand)
Rembourser le préjudice
La délivrance des papiers est donc « un gros soulagement » pour le fermier. « C’était très dur à cause de la charge de travail et de l’inconnue de l’avenir. J’étais vraiment très bas. Maintenant, je vais me reposer ». A près de 70 ans, Gabriel Dufils prévoit tout de même de continuer l’élevage, en réduisant sans doute la charge de travail. « J’ai moins de forces qu’avant », confie-t-il. En revanche, il va continuer à se battre, non plus pour lui, mais « pour d’autres agriculteurs au sein du collectif Hors Norme ». Ce même collectif qui lui est venu en aide l’an passé.
Je n’étais plus seul depuis que j’avais la solidarité des autres agriculteurs. Ce n’était plus pareil face à l’Etat. La solidarité doit être partagée pour tous. Si je peux aider, je vais le faire.
A titre personnel, Gabriel Dufils va sans doute entamer une – nouvelle – procédure en justice. « Ça ne m’intéresse pas tellement les procédures, mais ce que je demande en priorité, c’est qu’on rembourse le préjudice. J’espère qu’ils [l’Etat, N.D.L.R.] vont m’aider car la ferme n’a pas été très bien entretenue depuis quatre ans, elle est en mauvais état. J’ai joué le jeu pendant six-sept ans, ils se sont moqués de moi », lance l’éleveur.
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En octobre 2018, l’émission de France Inter Comme un bruit qui court était allé à la rencontre de Gabriel Dufils :