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Portrait : A 23 ans, Julien Mouton est le plus jeune patron pêcheur de la Manche

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Julien Mouton et son équipier forment l'un des plus jeunes équipages de France.

Julien Mouton et son équipier forment l’un des plus jeunes équipages de France.

Si son nom le prédestinait à la terre ferme, Julien Mouton a choisi la mer. Voilà un an qu’il a acheté son bateau. À 23 ans, il est devenu le plus jeune patron pêcheur du Cotentin, et même de la Manche !

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Mais, jeunesse ne rime pas toujours avec insouciance. Julien Mouton a la mer dans la peau et l’environnement :

Je crois à une pêche durable. Mes méthodes ne laissent aucun impact. Je pêche le homard et j’utilise des casiers à trappe, afin que les plus petits spécimens puissent ressortir. Et s’il en reste, je les rejette.

Son combat : la pêche durable

L’homme s’engage, notamment avec Normandie Fraîcheur Mer, dont il est l’une des figures de la campagne publicitaire :

Un label va sortir fin avril pour assurer la traçabilité. La jeune génération a pris conscience de l’enjeu, l’ancienne génération est plus dure à convaincre !

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Mais Julien est persévérant. Il a dû en user pour avoir son Père Vonvon, bateau de 8,50 m. Né à Caen, le pêcheur a grandi à Longueville-sur-Mer, près de l’eau. Mais rien ne le prédisposait au métier :

Ma mère est sage-femme au CHU et mon père artisan taxi. Nous avons fait notre arbre généalogique, et il faut remonter au XVIe siècle pour trouver un pêcheur dans ma famille ! J’ai commencé, enfant, par pratiquer la planche à voile. Après mon brevet des collèges, j’ai décidé de faire une école de pêche. Je voulais me spécialiser dans les vieux gréements mais il y a peu de recrutement. J’ai alors essayé la navigation de commerce. Je voulais partir dans la pêche, mais ma mère ne l’entendait pas ainsi. Elle trouvait le métier trop dangereux et difficile.

« Ma mère s’est dit qu’elle ne pouvait plus lutter ! »

À 15 ans, Julien Mouton embarque alors sur un porte-conteneurs un mois et demi, direction les Antilles. Une sacrée expérience en pleine adolescence :

D’autant que le capitaine était Breton et avait une dent contre les Normands !

Le voyage le dissuade de persévérer dans cette branche. Tant pis pour les angoisses de maman, Julien choisit la pêche :

Dès que j’avais quelques jours de vacances, j’embarquais. Ma mère s’est dit qu’elle ne pouvait plus lutter !

Il obtient son diplôme au lycée maritime et se forme en mer. D’abord en pêchant la coquille Saint-Jacques à Courseulles-sur-Mer, puis sur des hauturiers où il pêche en grands fonds (lotte, congre, bar, tacaud…).

Il part ensuite en stage dans le Cotentin. Il tombe amoureux du coin et de l’une de ses habitantes. S’il quitte cette dernière, il reste dans la région. Il y retrouve l’amour et son Père Vonvon :

J’ai travaillé pour le propriétaire du bateau quelque temps et je lui ai proposé de lui racheter l’année dernière. Je me suis donc marié en 2015, acheté la maison en 2016 et le bateau en 2018 !

Année difficile

Si les rêves du jeune homme se réalisent, ce n’est pas sans difficulté. Il fixe au minimum cinq sorties en mer par semaine pour remonter ses 400 casiers reliés en 25 filières. Soit des sorties en mer de 10 à 12 heures. Parfois pour une maigre récompense :

L’année 2018 n’a pas été très bonne pour le homard. Il y a eu beaucoup de tempêtes. Et le fond de la mer bouge autant que la surface !

Mais les projets continuent de fleurir dans l’esprit de Julien. Il compte remorquer son bateau à Blainville où il habite désormais, se diversifier en pêchant aussi la roussette, le congre ou le bar… En gros, passer sa vie sur l’eau !


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