
Après les annonces de la ministre de la Justice, les manifestants ont mis à terre le lampadaire devant la centrale, un geste symbolique rappelant une précédente manifestation dans la prison de Vendin-le-Vieil, en 2018. (©L’Orne hebdo)
« Les gars sont dégoûtés et ont le sentiment d’être méprisés. Le moral n’est pas bon ce matin. »
Alassane Sall, délégué local FO-Pénitentiaire, fait ce constat en ce vendredi 15 mars 2019, 10e jour de manifestation devant la centrale d’Alençon/Condé (Orne), après l’attaque terroriste commise mardi 5 mars.
Après les annonces de la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, la veille (qui a rencontré les syndicats), les surveillants pénitentiaires ne cachent pas leur déception :
« C’est pire que du mépris ! Elle veut jouer le temps et compte sur un épuisement mais ici on ne lâchera rien ».
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Jeudi soir, afin de montrer leur colère, les surveillants ont mis à terre le lampadaire qui était positionné devant l’entrée de la centrale.
« C’est un geste symbolique. Lors de la mobilisation à Vendin-le-Vieil, il y a un an [trois agents avaient été blessés à l’arme banche par un détenu radicalisé], un lampadaire identique avait été détruit ».
Sous les sifflets
C’est la première destruction d’un bien public appartenant à l’Etat réalisée depuis le début de la mobilisation à Condé-sur-Sarthe.
Ce matin, vers 9h, les gendarmes mobiles sont de nouveau intervenus afin de déloger les surveillants et permettre le passage du ravitaillement. Le personnel administratif ainsi que les officiers ont pu rejoindre leur poste, sous les sifflets des grévistes.
Le directeur, Jean-Paul Chapu, a tenté de discuter avec « ses » hommes mais aujourd’hui, tous lui ont tourné le dos. Un symbole encore…
« On n’a tout simplement plus envie de parler », confie un surveillant présent depuis le premier jour.

Emmanuel Baudin, secrétaire national FO-Pénitentiaire, est venu apporter son soutien aux manifestants. (©L’Orne hebdo)
« Tenir le rapport de force' »
Emmanuel Baudin, secrétaire national de FO-Pénitentiaire, était présent sur le site. Afin d’apporter son soutien et évoquer la suite…
« J’ai lancé une consultation à la suite des déclarations de la ministre de la Justice, et j’encourage les délégations locales à faire de même. La grande question maintenant est de savoir si nous avons les capacités de mettre en place et tenir un rapport de force. La ministre compte sur un épuisement et espère que les sanctions de 2018 reviennent en mémoire et que cela casse le mouvement ».
Il assure que le mouvement arrive à un tournant :
« J’espère vraiment qu’on aura la force de tenir. Il faut le faire, tous ensemble ».
Sous-entendu, pas seulement à Condé-sur-Sarthe…






















