
Aylin Manço a suivi le cursus de création littéraire au Havre (Seine-Maritime). Elle publie son premier roman pour ados aux éditions Talents hauts. (©D.R.)
Aylin Manço, diplômée du Master de création littéraire du Havre (Seine-Maritime), publie, aux éditions Talents hauts, son premier roman pour adolescents, La dernière marée. Elle sera l’invitée de la Galerne, au Havre, pour une rencontre-lecture, mardi 12 mars 2019. Entretien.
Rencontrer ses mentors
76actu : Vous êtes diplômée du Master de création littéraire du Havre. Comment cette formation a-t-elle nourri votre écriture ?
Aylin Manço : J’ai quitté mon job de consultante dans les télécoms pour me consacrer à l’écriture. Jusqu’alors, je n’avais pas envisagé la littérature comme une carrière possible. Le master m’a permis d’avoir un cadre et, pendant deux ans, j’ai pu rencontrer des auteurs et des personnes du monde de l’édition.
Ces deux années ont été très structurantes. Ce cursus me donnait une certaine légitimité pour contacter des gens. Ainsi, j’ai pu rencontrer des écrivains jeunesse que j’appréciais, comme Fabrice Colin et Clémentine Beauvais. Pour de jeunes artistes, la meilleure chose à faire, c’est d’avoir des mentors.
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La littérature jeunesse : un double lectorat
La dernière marée est un roman jeunesse. Avez-vous d’emblée choisi cette cible spécifique ?
Le secteur jeunesse se porte bien et les romans pour adolescents se multiplient. Ce qui m’intéresse beaucoup, c’est le double lectorat : ados et adultes peuvent lire ces productions. Ce sont des romans qui expriment la part adolescente qui reste en chaque adulte.
Vous aimez jouer avec les conventions et les codes de la littérature jeunesse ?
On a tous une part adolescente en nous. L’adolescence, c’est la période où se crée une fêlure qui ne se répare jamais. La littérature jeunesse s’adresse à toutes ces fêlures. Ce qui me plaît, c’est la possibilité de jouer sur différents registres. La dernière marée relève, à la fois, de la littérature intime et du fantastique.
Un drame intime et écologique
Votre récit raconte la relation naissante d’Elo avec Hugo, mais aussi les premiers conflits entre mère et fille. C’est un roman d’apprentissage ?
Dans mon roman, on suit Elo, une jeune ado, qui vit un drame intime, en même temps que la mer disparaît. On est dans un roman d’anticipation : le niveau des mers baisse. Depuis des mois, la mer reflue. Un phénomène qui accompagne aussi les bouleversements familiaux. Dans mon roman, j’explore les relations entre Elo et ses parents.
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« La dernière marée » raconte les difficiles relations entre une mère et sa fille. (©Talents hauts.)
On peut établir de nombreuses correspondances entre le prénom, Elo, et cette mer qui se retire. On entend le mot « eau » dans ce prénom. Puis, le conflit oppose une jeune fille à la mère, mais aussi à la mer…
Le rapport mère-fille et le reflux de l’eau sont liés. C’est un écho aux perturbations climatiques. Pour moi, la catastrophe est un moyen de parler de l’angoisse climatique et de la manière dont l’eau se retire. En Belgique, dont je suis originaire, beaucoup d’ados sèchent les cours pour aller militer. Il y a une vraie cassure entre les générations. Elo est en colère et se dit que ce n’est pas juste que les générations précédentes n’aient pas pris soin de la planète.
La jeunesse, abandonnée par ses aînés, prend les choses en main.
Infos pratiques :
Mardi 12 mars 2019, à 18h, à La Galerne, 148 rue Victor-Hugo, au Havre.
Entrée libre.
La dernière marée, aux éditions Talents Hauts. Prix : 15 euros.