
Désormais, la pêhce, ce n’est plus attendre le poisson mais un sport à part entière. © Fédération du Lot pour la pêche et la protection du milieu aquatique.
« Aujourd’hui, c’est une affaire de spécialistes. On ne pêche plus comme il y a une vingtaine d’années »
explique Patrice Jaubert, directeur de la fédération du Lot pour la pêche et la protection du milieu aquatique. À l’approche de l’ouverture de la pêche à la truite le 9 mars 2019, la fédération est fin prête pour accueillir plusieurs milliers de pêcheurs sur les berges des étangs, lacs, rivières et ruisseaux du département du Lot. D’autant que cette année, les conditions sont optimales : les cours d’eau ont un débit idéal, ni trop élevé, ni trop faible, et les températures s’annoncent clémentes.
Un vrai sport
En 2018, 13 006 cartes de pêche ont été délivrées dans le Lot. Si 50 % concernaient les 25-65 ans, seuls 16 % des pêcheurs ont plus de 65 ans. Et surtout, les pêcheurs sont de plus en plus jeunes. 34 % des pêcheurs dans le Lot ont moins de 25 ans. Patrice Jaubert constate :
« Tous les ans, on voit un rajeunissement des pêcheurs. Cela est dû au fait que la pêche connaît une révolution dans ses pratiques depuis un peu plus d’une dizaine d’années. Aujourd’hui, on n’attend plus au bord du ruisseau, on ne pêche plus au tout-venant. Désormais chaque pêcheur a son espèce de prédilection, chacun pêche avec sa technique particulière, un type de matériel bien précis… »
L’activité est devenue tendance, à la mode, avec un côté technique valorisant qui plaît aux jeunes.
La pratique du no-kill et le boom des réseaux sociaux font partie de ces évolutions de la pêche, et ils ne sont pas rares à immortaliser leurs plus belles prises et à les partager sur Facebook ou sur Instagram, avant de les relâcher.
De plus en plus de jeunes
Ce rajeunissement des pêcheurs est aussi le résultat de la politique menée depuis plusieurs années par la fédération. Elle a mis en place un pôle départemental d’initiative pêche nature avec un chargé de développement pêche qui intervient notamment dans les écoles et propose également des journées d’initiation pêche un peu partout dans le Lot. Les AAPPMA locales (Associations Agréées pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique) organisent aussi de leur côté des ateliers pêche nature. Ainsi, grâce à ces initiatives, ce sont environ 140 animations qui sont organisées chaque année et qui touchent environ 2000 enfants à travers tout le Lot.
Et même si le nombre de pêcheurs a baissé en 2018 par rapport à 2017 (dû notamment à une année 2017 exceptionnelle, avec l’organisation de la compétition Master Carpes à Cahors qui a drainé de nombreux pêcheurs et a fait augmenter le nombre de cartes vendues), les chiffres sont encourageants et laissent présager un bel avenir pour la pêche dans le Lot. D’autant que désormais, ce sont les jeunes qui font venir les adultes à la pêche. Aujourd’hui, cette activité correspond bien aux envies de retour à la nature, d’activité saine et ludique qui éloigne les jeunes des écrans et autres jeux vidéo.
Prêts pour l’ouverture
Il y aura donc certainement de très nombreux pêcheurs, jeunes et moins jeunes, sur les berges ce week-end d’ouverture des 9 et 10 mars 2019. La fédération et les AAPPMA locales ont procédé au déversement de 5,2 tonnes de truites (soit plus de 20 000 truites dont 2 800 kg de fario et 2 400 d’arc-en-ciel) issues de la pisciculture fédérale du Colombier. Ces déversements sont réalisés principalement sur les cours d’eau de l’ouest du département, où de nombreuses personnes pratiquent la pêche et où les ruisseaux n’ont pas de population locale de poisson forte, notamment en raison des étiages en été : le Vert, le Lemboulas, les Baguelonnes, le Girou, l’Alzou, la partie aval de Vers…
Les plans d’eau aussi ont eu ou auront droit à d’importants déversements, notamment aux lacs de Catus, Montcuq, Le Tolerme, Laumel à Gourdon, le Vigan, Payrignac, Dégagnac, Caillac, Cassagnes, Cazals, Frayssinet, Mezels, Lamothe-Fénelon, la Prairie à Gramat, Lacapelle-Marival, Guirande, etc. De 300 à 800 truites seront lâchées pour le 9 mars sur chacun d’entre eux.
A contrario, au niveau du Célé, de la Dordogne, et de leurs affluents amont, il n’y aura que quelques lâchers pour soutenir la population, mais pas de gros déversement afin de préserver la population de poisson, qui est composée à 75 % de truites sauvages. C’est aussi le cas de l’amont de la Bave et de la Cère, du Tolerme, du Mamoul du Veyre et du Bervezou.
Pour un milieu préservé
Patrice Jaubert souligne :
« Aujourd’hui, c’est la gestion des cours d’eau qui est importante, la qualité de l’eau est plutôt bonne notamment en raison des efforts faits depuis des années, mais il faut plus gérer la quantité d’eau, avec des périodes d’étiage en été, et surtout la qualité des habitats notamment les zones de franchissement de retenues d’eau, ou l’aménagement de frayères ».
La fédération fait du soutien de population de poisson dans les milieux qui souffrent « mais si tout va bien, l’écosystème se suffit à lui-même ».
Pour la truite, certains cours d’eau sont parfaits en termes de quantité et de qualité, comme la Bave du côté de Saint-Céré, les gorges de la Cère, bien que difficiles d’accès, ou encore la vallée de la Dordogne.
Une fois le cap de l’ouverture de la truite passée, les cannes se tourneront vers les carnassiers dont l’ouverture aura lieu le 27 avril 2019.