
Affûtoir ? Polissoir ? Autre chose ? (©Coll. Bernard Chevalier)
C’est une curieuse pierre dont la mémoire traverse les générations, entre Coglais et pays d’Antrain. Elle se cache actuellement sous « un enchevêtrement inextricable de ronces, d’ajoncs » mais a parfois attiré les regards de promeneurs, lorsqu’elle était entourée d’arbres. Un mégalithe de deux mètres de diamètre environ, qui continue à interroger les passionnés d’histoire locale.
Pierre à sacrifice ?
Récemment Bernard Chevalier, le président de l’association d’histoire locale Entre Everre et Minette (Saint-Hilaire-des-Landes), a relancé le débat en publiant une photo de ce vestige. De quoi s’agit-il ? « On a parlé de tannage de peaux, de meule à céréales, de pierre à sacrifice, mais aucune hypothèse vraiment solide » souligne-t-il. Un petit ruisseau coule à sept ou huit mètres en contrebas.
Serge Ollivier alimente le mystère : « C’est bien un mégalithe mais non déplacé et non déplaçable » car il s’agit de la roche mère. « Que peut-on dire, supposer, interpréter de cette cuvette plate, légèrement inclinée vers deux gouttières ? Elle a visiblement été creusée de la main de l’homme. Difficile de supposer une érosion naturelle ».
Un affutoir ? Pas sûr pour Serge Ollivier qui croit que « s’il s’agissait d’affûtoir, on y verrait des entailles polies par l’usage », à l’image du polissoir du clos des Raves, à Faÿ en Seine-et-Marne.
Serge Prioul, connaisseur du granit, balance entre deux possibilités :
C’est très curieux ! On pourrait penser à un système d’affutoir comme il en existe souvent près des sources ou cours d’eau. J’opterais assez pour cela, en imaginant une autre pierre plus portative qui évidemment aurait disparue. A moins que ce ne fût tout simplement un bac de trempe datant de l’âge de fer, voire bien plus récent, comme il en existait dans toutes les forges de nos carrières de granit ».
Serge Ollivier a observé que « le fond de la cuvette est non seulement plat, mais surtout entouré d’un rebord ce qui indiquerait une destination de contenant, même limité, le rebord étant faible ».
Il y a enfin une chose sur laquelle tout le monde est d’accord : mieux vaut ne pas révéler où se trouve cette pierre. Des personnes pourraient s’y rendre « avec des poêles à frire et détruire les traces archéologiques ».