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Jamel Debbouze à Alençon : « J'ai la chance d'être encore très espiègle, très immature »

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Jamel Debbouze sera sur la scène d'Anova, à Alençon, vendredi 5 avril pour son spectacle Maintenant ou Jamel. © véronique fel - debjam

Jamel Debbouze sera sur la scène d’Anova, à Alençon, vendredi 5 avril pour son spectacle Maintenant ou Jamel. (©veronique fel – debjam)

Jamel, vous avez fait votre retour sur scène après six ans d’absence. Ça fait quoi de retrouver son premier amour ?

C’est comme retrouver quelque chose qui ne se serait jamais vraiment interrompu. La scène, c’est ma maison mère. Tu peux partir dans des contrées inconnues et y revenir plus fort, enrichi d’une autre expérience et surtout y revenir avec l’envie de vibrer comme avec ta famille après un long voyage.

« Toutes les générations »

C’est un rapport d’amour, de vie avec un public. On partage des sentiments, des expériences et puis on grandit ensemble. À mes spectacles, j’ai vu des gamins de 7 ans qui en ont aujourd’hui 17, 27, 37 voire 47. Mon spectacle c’est un jeu de société pour les gens de 7 à 77 ans. J’ai ce plaisir de partager, communier avec toutes les générations et toutes les cultures.

Pourquoi appeler votre spectacle « Maintenant ou Jamel » ?

Parce que c’est l’instant présent qui compte dans la vie. On passe notre temps à penser à hier, à ce que l’on aurait dû faire ou à ce que l’on va faire. On pense rarement au « maintenant », au « tout de suite », à vivre ce que l’on doit vivre. On transpose, on se projette mais on n’est pas dans le moment. Sans faire de philosophie de comptoir, je pense que le meilleur moment de la vie c’est maintenant, c’est aujourd’hui.

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Jamel Debbouze sera sur la scène d'Anova, à Alençon, vendredi 5 avril pour son spectacle Maintenant ou Jamel. © véronique fel - debjam

Jamel Debbouze sera sur la scène d’Anova, à Alençon, vendredi 5 avril pour son spectacle Maintenant ou Jamel. (©FIFOU)

Dans Maintenant ou Jamel, vous parlez beaucoup plus de vous, de votre vie personnelle, familiale. C’est ça la crise de la quarantaine ?

J’ai cette chance extraordinaire d’être encore très espiègle, immature quand je suis sur scène ou quand je raconte des histoires. Alors évidemment, maintenant j’ai des enfants et j’ai cette question de la transmission qui se pose, donc effectivement j’ai plus le sens des responsabilités mais j’ai quand même surtout le sens des irresponsabilités (rires). Les gens pensent que j’ai toujours 17 ans alors s’ils peuvent rester là-dessus ça me va !

Cela peut aussi être une crise de rire de la quarantaine !

Oui ! Il y a plein de manières d’aborder le mot crise. La crise de foie, la crise d’asthme. Mais que les gens se rassurent c’est la crise de rire que je vise, tout en prenant conscience du monde qui nous entoure, des injustices parfois.

Le plus grand kif dans ma vie professionnelle, c’est de rire tout en prenant la défense des plus faibles et de faire découvrir des talents.

L’actualité est aussi présente dans votre spectacle alors qu’elle est parfois très lourde. Est-ce justement nécessaire d’en rire ?

Plus que jamais ! Tout ce qui nous fait mal, tout ce que l’on veut exorciser, il faut en rire. C’est la meilleure thérapie du monde. Mettre des mots dessus c’est déjà une thérapie. Se foutre de la gueule du mal, c’est comme ça qu’on guérit. En tout cas c’est comme ça que j’ai pu dépasser toutes les choses qui ont pu me bousculer, en se foutant de la gueule de tous ces symptômes qui peuvent nous pourrir la vie.

« Le rire est une thérapie »

Moi par exemple, je ne regarde plus les infos en continu, j’ai enlevé les alertes sur mon téléphone. On est suffisamment abreuvé d’infos au café du coin avec ses amis, sa famille, pour ne pas être déconnecté. Je ne veux plus être panurgien, être un suiveur sous influence comme j’ai pu l’être à un moment. « Maintenant ou Jamel » ça veut aussi dire ça : prenez le temps d’écouter et de regarder. À l’heure du GPS, on se laisse trop emmener, porter sans regarder ce qu’il y a autour de nous. C’est un peu vieux jeu comme discours mais je le revendique !

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Jamel Debbouze sera sur la scène d'Anova, à Alençon, vendredi 5 avril pour son spectacle Maintenant ou Jamel.

Jamel Debbouze sera sur la scène d’Anova, à Alençon, vendredi 5 avril pour son spectacle Maintenant ou Jamel. (©FIFOU)

Parler de l’actualité dans vos spectacles vous permet aussi d’improviser énormément, l’une de vos spécialités…

Je n’ai jamais joué deux fois le même spectacle. Je ne peux pas, je ne sais pas faire. Alors évidemment il y a un début, un milieu et une fin avec une structure que l’on a beaucoup travaillée avec Mohamed Hamidi, mon metteur en scène mais cette structure avec des fondations fortes me permet d’improviser comme je le veux et de toujours retomber sur mes pattes.

Bien sûr l’actualité est un magnifique terreau pour improviser, pour rebondir et être en prise avec les gens. Mais il y a un truc que j’ai toujours fait sur scène, c’est le rapport au public parce que j’ai la chance de faire venir des gens qui n’ont pas forcément l’habitude d’aller au théâtre et d’autres qui en sont férus. En fait, c’est presque plus un concert de rap ou de rock qu’un spectacle. Les gens m’apostrophent, me sollicitent, me parlent. Et j’adore ça, c’est un peu ma marque de fabrique : l’impro, l’interactivité, un spectacle qui vit.

Que connaissez-vous d’Alençon ?

Malheureusement (ironie), j’ai déjà joué deux trois fois à Alençon dans ma vie. J’ai aussi fait des matchs d’improvisation à Alençon !

« La diversité ? Un mot inventé par d’autres »

Sinon que dire ? Ça fait 10 km² , il y a un aérodrome, c’est situé en Normandie, la ville est excentrée par rapport au territoire, la communauté urbaine d’Alençon est composée de plusieurs communes dont certaines sont situées dans le département de la Sarthe…

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Jamel Debbouze sera sur la scène d'Anova, à Alençon, vendredi 5 avril pour son spectacle Maintenant ou Jamel.

Jamel Debbouze sera sur la scène d’Anova, à Alençon, vendredi 5 avril pour son spectacle Maintenant ou Jamel. (©véronique fel – debjam)

Regarder sur internet, c’est de la triche !

Ouais je suis sur Wikipédia là !

Omar Sy, qui a des attaches familiales à Alençon, aurait pu vous en parler. Lui et vous avez un parcours très similaire : originaires de Trappes, débuts sur Radio Nova, une carrière d’humoriste avant de cartonner au cinéma. Quel rapport entretenez-vous avec lui ?

Omar, c’est mon frère. On a grandi ensemble, on a évolué ensemble. On a traîné nos guêtres à la gare de Trappes pendant des années à essayer de gratter des rires. On a en commun une ville, mais aussi un état d’esprit, une envie de jouer, une fraternité. Bref on fait partie de la même famille.

Omar Sy et vous pouvez être considérés comme les égéries de la diversité française. Que représente ce mot « diversité » pour vous ?

Ça ne me dit absolument rien. C’est un mot qui a été inventé par d’autres, qui cherchent à nous définir. Mais moi je serais heureux le jour où tout cela sera banal.

C’est très galvaudé et péjoratif que d’essayer de me réduire à cela. Ma femme s’appelle Mélissa, mon fils Léon, ma fille Lila Fatima Brigitte. Je suis multiple donc on ne peut pas me cantonner à quoi que ce soit. Des sociologues disent que les artistes ne sont pas cataloguables, alors les artistes comme moi le sont encore moins j’imagine. On n’est pas issus de la diversité, on existe tout simplement.

« Maintenant ou Jamel », de Jamel Debbouze, vendredi 5 avril, à 20 h, au parc des expositions Anova. Tarifs : de 32 € à 54 €. Billetterie : www.anova-alenconexpo.com/


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