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ANALYSE : pourquoi l'affaire Benalla est (désormais) devenue une affaire d'État

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L'ombre d'Alexandre Benalla (au fond) continue de planer sur Emmanuel Macron...

L’ombre d’Alexandre Benalla (au fond) continue de planer sur Emmanuel Macron… (©©Archives/Émilie Jouvin/Le Perche/actu.fr)

Le feuilleton a duré tout l’été. L’affaire Benalla s’est invitée à partir du mois de juillet 2018 dans tous les journaux. Les auditions parlementaires, retransmises en direct, ont rivé devant leurs écrans des millions de Français.

De Benalla aux gilets jaunes

Après la déferlante, la vague des gilets jaunes a volé la vedette aux tribulations de l’homme de confiance d’Emmanuel Macron. Dans les défilés ou sur les ronds-points, l’ombre de Benalla a plané sous forme de caricature. Le nom de l’ex-conseiller de l’Élysée est devenu synonyme d’impunité. Sur les réseaux sociaux, des gilets jaunes ont mis en balance le sort judiciaire d’Alexandre Benalla (une mise en examen et un contrôle du juge) et les condamnations à la prison ferme de manifestants. Malgré ces rémanences, le scandale semblait appartenir au passé.

Mais, en deux semaines, le dossier est remonté à la surface. Le parquet de Paris a beaucoup fait pour ce retour sur le devant de la scène. Une perquisition dans les locaux de Mediapart a soulevé un tollé. La justice a donné un pitoyable spectacle : des policiers à la recherche de sources et après une intervention de Matignon.

LIRE AUSSI : Enregistrements Benalla : le parquet ouvre une enquête, Mediapart refuse une perquisition

Violation du secret des sources

Mais il y a plus grave et inquiétant. Une violation du secret des sources a de quoi susciter des cauchemars chez les moins démocrates des démocrates. Un cap est franchi avec les dernières révélations. Alexandra Benalla a entretenu des relations d’affaires avec des oligarchies Russes. Le montant du business peut choquer : 2,2 millions d’euros.

Mais le chiffre est moins important que les contrats eux-mêmes. Alexandra Benalla a clairement entretenu des contacts commerciaux avec des proches de Vladimir Poutine. Au Kremlin, business, politique et services secrets sont totalement imbriqués. Le maître de Moscou montre l’exemple.

LIRE AUSSI : Affaire Benalla : une nouvelle enquête ouverte sur un contrat avec un oligarque russe

L’ancien lieutenant-colonel du KGB a mêlé affairisme et conquête du pouvoir. Le système est enraciné et continue. Les hommes d’affaires qui ont payé Alexandre Benalla ont des contacts étroits avec le Kremlin et les services russes. L’ex-homme de confiance d’Emmanuel Macron était habilité « secret défense ». Un « privilège » incroyable et injustifiable.

Habilitation « secret-défense »

Cette habilitation est réservée à une poignée de hauts fonctionnaires, de policiers et de militaires. Les gendarmes et policiers des ex-RG (rebaptisé Renseignement Territorial) ne disposent pas d’une telle prérogative. Tous les agents de la DGSI n’ont pas, dans leur manche, le sésame. Alexandre Benalla disposait d’un droit d’accès et de regard sur des documents classifiés.

Et on apprend, cette semaine, qu’il était en contact avec des « sous-marins » russes. Un contrat a été signé alors qu’Alexandre Benalla était à l’Élysée et disposait de son habilitation. Aux États-Unis, un procureur se serait immédiatement saisi du dossier. Des perquisitions auraient eu lieu à l’Élysée et Matignon. D’ailleurs, ce sont des soupçons d’ingérence russe qui valent à Donald Trump ses déboires judiciaires.

Une « taupe » russe à l’Elysée ?

De l’autre côté de l’Atlantique, la seule conséquence est le licenciement d’Alexandre Benalla. Et encore. La sanction est (uniquement) liée à une mise en examen suite au coup-de-poing de l’ex-conseiller contre des manifestants. Il existe un vrai soupçon (pour ne pas dire plus) sur l’existence d’une « taupe » russe au sein de l’Élysée.

Les deux oligarches connaissaient parfaitement une évidence : ils se sont « payé » un homme de l’Élysée. Proches de Vladimir Poutine et donc des services russes, ils n’ont pas recruté un spécialiste de la sécurité.

Il existe sur le « marché » des anciens des forces spéciales, du Raid ou du GIGN. Ce ne sont pas les compétences « professionnelles » d’un garde du corps, sans aucune expérience opérationnelle, qui étaient en cause. Les recruteurs russes ont investi dans un proche d’Emmanuel Macron, bien introduit au plus haut sommet de l’État.

Cette OPA (réussie) porte un nom : une affaire d’État.

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Laurent Dubois


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