Après deux mois et demi de mobilisation, un groupe de Gilets jaunes est toujours présent au niveau du rond-point Eisenhower à Bayeux (Calvados). (©DR)
La proposition de loi « anti-casseurs » a créé la controverse. Issue de la droite mais reprise à son compte par le gouvernement avec la volonté d’enrayer les violences lors de certaines manifestations de Gilets jaunes, elle a beaucoup fait parler ces dernières semaines, autant à l’Assemblée nationale que sur les ronds-points.
À tel point que mercredi dernier, 23 janvier 2019, le texte – qui a suscité une levée de boucliers à gauche mais aussi des réticences dans les rangs de la majorité – a été profondément remanié. Mais pas assez aux yeux du groupe de Gilets jaunes de Bayeux (Calvados) qui souhaite purement et simplement voir cette proposition de loi devant être examinée ce mardi 29 janvier 2019 à l’Assemblée nationale, tomber aux oubliettes de la République.
Pourquoi faire cette loi dans l’urgence si ce n’est pour restreindre nos libertés ? La police et la justice ont déjà tout un arsenal efficace à leur disposition pour lutter contre les casseurs !
A leurs yeux donc, même si le texte a été largement édulcoré, « le fond du problème reste le même. On prend un vrai tournant sécuritaire et c’est très inquiétant pour notre démocratie ».
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« Le grand débat, c’est tous les jours sur le rond-point »
Toujours réunis du lundi au samedi au niveau du rond-point Eisenhower, les irréductibles manifestants, qui sont désormais une vingtaine à assurer un roulement quotidien, demandent à nouveau une solution politique au gouvernement : « Nous attendons des réponses concrètes et non une mascarade déguisée en Grand débat national », assurent-ils d’une même voix.
On l’aura compris, pour eux, pas question d’aller s’enfermer dans une salle :
Le débat, nous, c’est tous les jours qu’on le tient ici sur le rond-point ! Le gouvernement sait exactement ce que l’on demande, tout ça ne lui sert juste qu’à gagner du temps jusqu’aux Européennes. C’est un grand bluff, rien de plus.
La seule chose qui les ferait changer d’avis assurent-ils, c’est que le président de la République se déplace à Bayeux (Calvados) : « C’est une invitation ! » lance l’une des leurs.
Liste Gilets jaunes : « une grosse erreur »
D’ici là, ils continuent de discuter de la marche à suivre pour d’éventuelles futures actions, de recueillir les histoires de vie des uns ou des autres qui s’arrêtent pour échanger avec eux… Mais aussi, évidemment, de débattre de l’actualité. Comme de la création de la liste « RIC » portée par Ingrid Levavasseur, l’une des figures du mouvement des Gilets jaunes, pour les élections Européennes. Quoi qu’à ce sujet, il ne semble pas y avoir beaucoup de débats, puisque tous s’accordent à penser « que ce n’est pas une bonne idée » :
Cela va diviser le mouvement, éparpiller les voix et donc faire le jeu de Macron. Stratégiquement, c’est une grosse erreur.
Député Bertrand Bouyx : « La loi « anti-casseurs » est faite pour protéger le droit de manifester »
Le député LREM de la 5e circonscription du Calvados, Bertrand Bouyx, votera cette loi « anti-casseurs ». S’il estime que la première version devait être réexaminée « pour s’inscrire dans le respect de la Constitution et des libertés », il assure que le nouveau texte qui sera au menu de l’Assemblée nationale dès ce mardi est nécessaire : « Ce n’est pas une loi de circonstance. Les casseurs ne sont pas nés avec les Gilets jaunes, il est important, comme cela a été fait pour les hooligans dans les stades, d’être bien plus efficace contre eux. L’idée est bien de protéger le droit de manifester. Un meilleur encadrement permettra des manifestations bien plus apaisées. Il faut dissuader les casseurs d’instrumentaliser les manifestations en renforçant notre arsenal de prévention et de sanctions ».