
Les trois hommes allaient manifester à Paris. Ils ont été interpellés au péage de Dozulé (calvados), samedi 8 décembre 2018. (©archives Le Pays d’Auge)
Partis de Bretagne, trois hommes devaient participer à la manifestation des gilets jaunes le 8 décembre 2018 à Paris. Leur escapade a pris fin à 200 km de la capitale.
À bord de la même voiture, le trio a été arrêté au péage de Dozulé (Calvados). Une des nombreuses « interpellations préventives » réalisées ce jour-là à la demande des autorités. Depuis, la polémique enfle sur les réseaux sociaux.
Un procès en juin 2019 à Lisieux
Après six heures de garde à vue, les trois gilets jaunes ont été convoqués pour le mardi 4 juin 2019, en vue d’une comparution devant le tribunal de Lisieux.
LIRE AUSSI. Gilets jaunes à Lisieux : la marche du peuple réunit jusqu’à 250 personnes
L’infraction retenue ? Participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destructions ou dégradations de bien.
Des objets suspects dans le coffre
Sur la convocation d’un des trois gilets jaunes, maintes fois partagée sur Facebook et Twitter, on peut lire qu’il était en possession d’un « casque de chantier et d’un gilet jaune ».
LIRE AUSSI. Gilets jaunes : dans le pays d’Auge, la fatigue gagne les rangs de la police
De nombreux internautes affichent leur indignation suite à cette interpellation qu’ils jugent arbitraire. Maître Eolas, avocat suivi par plus de 340 000 personnes sur Twitter, a publié la convocation avec un commentaire quelque peu ironique
Cas pratique pour les étudiants en droit : cherchez les éléments matériels de l’infraction. Envoyez vos réponses au parquet de Lisieux avant le 4 juin. pic.twitter.com/G826EVJyS6
— Maitre Eolas (@Maitre_Eolas) December 10, 2018
La citation des deux autres gilets jaunes a également fuité sur Internet. La justice reproche au premier d’avoir été en possession de « casques, masques, pare-pierres, outils divers et une scie à bois ».
Quant au second, il avait des « casques, visière, pare-pierres et peinture jaune ». Tous ces objets se trouvaient dans le coffre du véhicule.
« La présence d’une scie à bois pose question »
Selon le parquet de Lisieux, le scénario de trois gilets jaunes qui viendraient manifester pacifiquement à Paris ne tient pas debout. Substitut du procureur, Christophe Bogliolo explique :
« La peinture jaune saisie, par exemple, était censée remplir un ballon de baudruche pour former une bombe de peinture. L’idée, c’était de la lancer ensuite sur les policiers »,
« La présence d’une scie à bois et d’un casque de chantier pour aller manifester pose également question » poursuit le magistrat, qui ne souhaite pas en dire plus sur les déclarations des trois personnes interpellées.
« L’audience, publique, aura lieu le 4 juin. Les prévenus auront alors le droit de contester les infractions qui leur sont reprochées ».
Avoir un gilet jaune n’est pas une infraction
Non, l’un des trois hommes n’a pas été interpellé parce qu’il détenait un gilet jaune. Le parquet de Lisieux tient à le souligner.
« Plusieurs milliers de véhicules ont franchi le péage de Dozulé ce jour-là. Leurs conducteurs avaient tous un gilet jaune dans la voiture, puisque c’est obligatoire, et ils n’ont pas été arrêtés. Seules ces trois personnes ont été interpellées quand les gendarmes ont découvert les objets suspects dans le coffre » souligne Christophe Bogliolo.
LIRE AUSSI. A Honfleur, les gilets jaunes obtiennent une salle pour organiser des réunions
Alors pourquoi la présence du gilet jaune a-t-elle été précisée dans la convocation en justice ? « Cela vient confirmer que cette personne se rendait à Paris pour manifester. Le gilet jaune est obligatoire pour le conducteur, pas pour le passager », répond le substitut.
Les automobilistes qui n’ont pas cet accessoire de sécurité dans leur véhicule s’exposent à une amende de 11 euros. La contravention monte à 135 euros s’ils ne le portent pas lors d’un arrêt d’urgence.