Katell Hamon, qui êtes-vous ?
Je suis originaire de Saint-Brieuc, j’ai 32 ans. J’ai obtenu mon diplôme d’ingénieure à Rennes, en halieutique, à l’Agrocampus ouest. J’ai ensuite réalisé ma thèse à l’Université de Bretagne occidentale (où j’ai passé un an), sous la direction d’Olivier Thébaud, au sein de l’Unité mixte de recherche Amure, qui lie l’UBO et l‘Ifremer. En co-tutelle avec l’Australie (où je suis allée deux ans). Je l’ai soutenue en 2011.
Pourquoi Brest ?
Parce qu’il s’agit de l’un des plus gros pôles mer dans le monde. J’ai déjà beaucoup voyagé, au Danemark, en Australie notamment, grâce à un réseau de Bretons qui travaillent dans la pêche.
C’est donc cette thèse qui vous vaut aujourd’hui d’être distinguée du prix Bretagne jeune chercheur, dans la catégorie Grands problèmes sociétaux, pouvez-vous nous expliquer le sujet sur lequel vous avez travaillé ?
Difficile de résumer trois ans d’étude en cinq minutes. En fait, ma thèse portait sur la gestion des pêches. J’ai travaillé, plus précisément, sur une mesure de gestion, les quotas individuels transférables (QIT) et leur impact. En m’appuyant sur une pêcherie de langoustes, à Hobart en Tasmanie, où j’ai passé deux ans. L’Australie a instauré ces quotas en 1998, mon but était de voir comment cela fonctionnait, après une dizaine d’années de mise en place.
Comment avez-vous procédé ?
En deux temps.
J’ai tout d’abord étudié ce qui s’est passé. J’ai pu me rendre compte que les prévisions élaborées avant l’instauration des QIT s’étaient vérifiées. À savoir l’augmentation de la ressource en langoustes, la diminution de la flottille, de bonnes performances économiques avec un gain d’argent supplémentaire pour les pêcheurs.
En revanche, je ne suis pas certaine que la concentration des droits de pêche dans les mains de quelques-uns soit une bonne chose. Sociologiquement parlant, ce n’est pas forcément la meilleure solution pour l’équité du partage de la ressource.
Deuxième étape ?
J’ai élaboré un modèle bio-économique pour appréhender l’interaction stock de poissons/pêcheurs et les influences sur le comportement des pêcheurs. Nous avons utilisé ce modèle pour prédire comment la situation allait évoluer, en procédant à des simulations. Parce que la Tasmanie est aussi un endroit où le climat change énormément.
Votre conclusion ?
Les pêcheurs vont s’adapter aux changements climatiques, donc leur impact sera limité.
Et aujourd’hui, que faites-vous ?
Je travaille toujours dans l’économie des pêches. Mariée à un Hollandais, je vis aux Pays-Bas et je suis chercheuse au sein de l’Institut d’économie agronomique de La Haye.
Que va vous permettre cette prime de 6 000 euros accompagnant votre prix ?
Je vais pouvoir revenir à Brest l’an prochain pour participer à une conférence qui se déroulera au Quartz sur la gestion des pêches. J’envisage également de retourner en Australie dans quelques années pour retravailler le sujet.
> La thèse de Katell Hamon à consulter ICI.

LE PRIX BRETAGNE JEUNE CHERCHEUR
• C’est quoi ?
Tous les deux ans, depuis 1995, la Région Bretagne met à l’honneur ses jeunes chercheurs, pour les valoriser et leur donner un coup de pouce financier.
Pour cette onzième édition, six chercheurs de moins de 35 ans, ayant réalisé et obtenu leur thèse dans la région (ce sont les deux conditions sine qua non) ont été sélectionnés parmi 66 candidats.
• Quatre lauréats dans autant de catégories (prime de 6 000 euros) :
Katell Hamon, Grands problèmes sociétaux.
Émilie Piton-Foucault, Évolutions sociales et sociétales.
Hélène Bouvrais, Amélioration de la santé et du bien-être des sociétés.
Mathieu Hubert, Lumière.
• Deux mentions spéciales (prime de 2 000 euros) :
Quang-Khanh-Ngoc Duong, Évolutions sociales et sociétales.
Nacer Chahat, Amélioration de la santé et du bien-être des sociétés.
• Le jury était présidé par Claude Berrou, l’un des deux Bretons membres de l’Académie des sciences.
• La cérémonie de remise des prix s’est déroulée pour la première fois à Brest, vendredi 6 novembre 2015, dans l’amphithéâtre Guilcher de la faculté Victor-Segalen.
110 lycéens (Harteloire, Iroise, Dupuy-de-Lôme) avaient été invités à y assister par la Région Bretagne.