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L'oeil d'Ovale Masqué : Peut-encore détester le Racing 92 en 2019 ?

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Et donc Simon Zebo (Racing 92) se la joue Cristiano Ronaldo...

Et donc Simon Zebo (Racing 92) se la joue Cristiano Ronaldo… (©Icon Sport)

On vit décidément une drôle d’époque. Une époque où le XV de France est capable de perdre contre n’importe quelle équipe. Et peut-être même de faire match nul contre des plots, pour peu qu’ils soient savamment disposés au milieu d’un terrain.

Une époque où les rugbymen meurent de plus en plus fréquemment en exerçant leur passion, tandis que les gens qui utilisent des trottinettes électriques en libre-service continuent de vivre. Une époque où l’on appelle Bernard Laporte « président », Serge Simon « médecin » et Jacques Brunel « manager de l’année ».

Rien qu’avec ça, on peut comprendre que les gens soient en totale perte de repères. Moi-même, en relisant cette intro, je suis à deux doigts d’enfiler un gilet jaune et d’aller défoncer la vitrine d’un magasin Serge Blanco en utilisant mon front comme bélier. Mais il y a pire encore que tout cela : j’ai entendu dire qu’en 2019, on ne pouvait plus détester le Racing 92. Pour moi, c’est comme si on m’avait dit « non, tu n’as plus besoin de respirer désormais, c’est inutile ! ».

N’étant pas totalement fermé d’esprit non plus, j’ai décidé d’enquêter un peu sur le sujet. Et oui, je dois le reconnaître, il y a plusieurs raisons parfaitement valables de ne pas détester le Racing 92 aujourd’hui. En voici quelques unes :

1. Finn Russell est un génie

Tout le monde aime Finn Russell. Comme Alain Chabat, Dwayne « The Rock » Johnson ou un bébé labrador, le demi d’ouverture écossais fait partie de ces rares catégories de personnes qui font l’unanimité. Si vous tapez leur nom sur Twitter, vous ne leur trouverez presque aucun hater, ce qui est tout simplement admirable quand on sait que les gens ont des caisses entière de haine à déverser, généralement bien plus qu’il n’en faut pour arroser plus de 6 milliards d’individus. Il faut dire que Finn est un génie. Mieux encore : c’est un génie et il s’en fout. Le mec ne se la pète pas. On pourrait lui annoncer demain que sa carrière est terminée parce que faire des chistera dans son en-but est devenu un crime, il répondrait « Oh ? OK ».

Une belle passe sautée livrée directement depuis la ville de Balekland en Ecosse.

Une belle passe sautée livrée directement depuis la ville de Balekland en Ecosse. (©Canal +)

Finn Russell est le genre de mec qui rentre chez lui le soir sans même savoir si son équipe a gagné le match et sur quel score. C’est une sorte de Yionel Beauxis des Highlands, capables de gestes incroyables et de conneries monumentales, ce qui fait qu’on ne s’ennuie jamais avec lui. Finn Russell, c’est aussi un mec qui doit faire chuter l’espérance de vie de Laurent Travers à chaque fois qu’il touche un ballon dans ses propres 22 mètres, et rien que pour cela, il faut le remercier d’exister.

2. Jacky Lorenzetti ferme sa bouche

Depuis le début de la saison, le Top 14 Circus nous offre des représentations de qualité. Tous se succèdent sur la piste aux étoiles pour nous faire rire : Mourad Boudjellal, Patrice Collazo, Mauricio Reggiardo, Christophe Urios, Vern Cotter – et bien évidemment l’ensemble de l’équipe et du staff du Stade Français, comme chaque saison. Par contre, on n’entend plus Jacky Lorenzetti.

Le président du Racing 92 se fait particulièrement discret depuis l’affaire de la fusion avortée avec le Stade Français, comme s’il avait fini par se dire « mmh, ça commence à trop de se voir que je suis en réalité SATAN, je vais calmer le jeu ». Une prise de recul salutaire car il faut bien reconnaître qu’il avait une sacrée tendance à débiter des conneries et à rendre son club détestable à chaque fois qu’il se trouvait devant un micro.

3. Labit et Travers aussi

Tout le monde le sait, dans quelques mois, le XV de France va aller s’humilier au Japon. Jacques Brunel va hausser sa moustache et ses épaules, comme pour nous dire « Oui, bon. Vous vous attendiez à quoi ? » et il faudra lui désigner un successeur. Christophe Urios n’étant plus disponible et Fabien Galthié ayant perdu toute sa santé mentale depuis bien longtemps, Laurent Labit et Laurent Travers sont au pôle position pour récupérer le pire job du monde qu’on ne peut pas refuser après premier ministre.

C’est sans doute pour cela qu’eux aussi sont assez sages cette saison. On ne les entend plus trop pleurnicher en conférence de presse, et ça fait presque un an que Laurent Labit n’a pas été suspendu par la commission de discipline. Même si c’est probablement calculé, c’est quand même assez reposant.

« Ne pas insulter l'arbitre, ne pas insulter l'arbitre, ne pas insulter l'arbitre... »

« Ne pas insulter l’arbitre, ne pas insulter l’arbitre, ne pas insulter l’arbitre… » (©ERCC)

4. Le Stade Français est encore plus dégueulasse

Pendant longtemps, l’opposition Stade Français – Racing 92 était simple : d’un côté les pinks à chiens qui défilaient en string à la gay pride, de l’autre côté les gros bourges qui portent des chèches et qui appellent la police quand tu écoutes du Dalida après 21h le soir. Évidemment, à part les fans de Christian Clavier, tout le monde préférait le sympathique Stade Français.

Malheureusement, tout cela a bien changé depuis l’arrivée d’Hans-Peter Wild à la tête du club parisien. Le propriétaire de la marque Capri-Sun (marque de jus d’orange extrêmement populaire en Seine-Saint-Denis, au même titre que la chaîne de fast food O’Tacos et le cannabis, comme quoi on sait quand même vivre chez nous) s’entête à liquider tout ce qui faisait l’identité et la fantaisie du club rendu populaire par Max Guazzini, à tel point qu’il a remis au goût du jour chez certains la bonne vieille germanophobie. Ce qui personnellement me ravit, j’ai toujours trouvé que les Allemands faisaient de bien meilleurs méchants que les Arabes dans les films d’action.

Passer de Mohammed Ali au Stade Français comme porte-étendard, sacrée chute quand même.

Passer de Mohammed Ali au Stade Français comme porte-étendard, sacrée chute quand même. (©Canal +)

Depuis quelques mois, des figures historiques et hautes en couleur du club ont été virées (Julien Dupuy) ou mises au placard (Djibril Camara). Le jeu du club est devenu austère, sage et appliqué, à l’image de l’entraîneur sud-africain Heyneyke Meyer et de sa coupe à la brosse qui lui donne un air de méchant colonel dans Starship Troopers. On ne voit plus aucune prise de risques.

La preuve : Heyneke Meyer n’ose même plus faire sortir Jules Plisson du banc, alors qu’il n’y a rien de plus drôle que de le voir gérer une fin de match quand son équipe mène au score par moins de 8 points. Bref, le Stade Français est chiant, et en plus il fait -12° à Jean-Bouin l’hiver, ça donne franchement envie d’aller faire un tour dans le gymnase d’à côté.

5. Une belle attaque, mais aussi une belle défense de merde

Depuis sa remontée dans l’Elite sous la houlette de Pierre « Funkytown » Berbizier, le Racing 92 a toujours eu l’image d’un club austère, très fort sur la conquête et la défense, et incapable de planter un essai autrement que par l’intermédiaire de Jacques-Henri Ballonporté, qui à ce jour est toujours le meilleur marqueur de l’histoire du club devant Sireli Bobo.

Cela a bien changé depuis l’inauguration de la Paris-La-Défense-Arena-Mais-Pourtant-Je-Croyais-Que-Le-Racing-C’était-Les-Hauts-de-Seine-Et-Pas-Paris-C’est-Bizarre-Ce-Nom. Bien conscients que faire des petits tas pendant 80 minutes sur une pelouse qui ressemble à un billard était contre-productif, Laurent Labit et Laurent Travers ont totalement révolutionné leur plan de jeu.

Non, évidemment, je déconne, ils n’ont rien fait. Par contre ils ont acheté Finn Russell, Leone Nakarawa et Simon Zebo, puis ils ont mis Virimi Vakatawa au centre du terrain en lui disant « vas-y, fais ton truc ». Résultat, ça joue beaucoup mieux, et on voit même régulièrement de très beaux essais. Puis surtout, désormais le Racing 92 défend n’importe comment, en particulier à la Machin-Arena. Les statistiques sont parlantes : en 24 matches à domicile cette saison, les Alto-Séquanais ont encaissé 27 essais. Même Pau et l’USAP ont réussi à marquer 4 essais lors de leur déplacement en région parisienne ! À ce stade-là, on ne peut même plus parler de défense friable, mais des Essais du Cœur. Comment ne pas s’incliner devant une telle générosité ?

Admirez ces belles montées défensives !

Admirez ces belles montées défensives !

Conclusion

Après avoir examiné tous ces éléments, est-il encore possible de détester le Racing en 2019 ? Et bien ma réponse est : OUI.

Tout simplement grâce à ces outils magiques : la mauvaise foi et les œillères. C’est donc plein de haine et de rancœur que je vais vous livrer le compte-rendu du match de Champions Cup entre le Racing 92 et Scarlets, mais en version ultra-condensée parce qu’on me fait signe que cet article est déjà beaucoup trop long et que personne n’a poursuivi sa lecture jusqu’ici.

La compo

La composition du Racing 92 contre les Scarlets

La composition du Racing 92 contre les Scarlets

Le film du match

Déjà qualifié au coup d’envoi du match, le Racing 92 avait tout intérêt à l’emporter le plus largement possible, pour s’assurer un ¼ et même une ½ finale à domicile. En face, les Gallois des Scarlets, derniers de la poule, n’avaient plus rien à jouer. On imagine donc que les Ciel et Blanc se sont dit « oh, ça va être facile » à l’image de Maxime Machenaud qui a un peu trop voulu faire le chaud en voulant mettre un stop au solide Hadleigh Parkes à quelques centimètres de son en-but.

Sinon baisse-toi un peu, peut-être ?

Sinon baisse-toi un peu, peut-être ? (©ERCC)

Le fait est que, les Gallois avaient envie de s’amuser. Et quand il s’agit d’envoyer du jeu et d’imposer un gros rythme, ils sont généralement bien meilleurs que les clubs français pour le faire. On a donc vu un Racing 92 se faire balader aux quatre coins du terrain par une équipe qui a beaucoup utilisé du large-large. En même temps ça marchait assez bien, surtout avec un trio arrière du Racing 92 pas mal aux fraises défensivement. Mention spéciale pour Zebo et Dulin qui ont l’air de trouver la pelouse synthétique si confortable qu’ils y ont trouvé un endroit idéal pour faire la sieste. Après un bel essai de Steff Evans (voir plus haut), les Gallois ont donc fait la course en tête pendant la majeure partie de la première période.

Les Racingmen ont tout de même réussi à répliquer grâce à leurs deux principales armes : Finn Russell et les ballons portés. Déjà décisif de part son jeu au pied sur le premier essai, on notera que c’est Chavancy qui marque le deuxième essai, comme un avant. 

Comme Florian Fritz, on se dit que ce mec a vraiment raté une belle carrière de troisième ligne.

Comme Florian Fritz, on se dit que ce mec a vraiment raté une belle carrière de troisième ligne.

Le second acte a aussi plutôt mal commencé pour les locaux avec un essai de l’arrière Johnny McNicholl, l’autre joueur des Scarlets qui était complètement en feu ce samedi après-midi. Menés de 6 points, les partenaires de Dimitri Szarzerwski sont revenus dans le match grâce à une réalisation de Zebo, plus inspiré avec le ballon que sans, et à Virimi Vakatawa, qui continue d’être très bon au centre et d’être ignoré par le XV de France, allez savoir pourquoi.

Un essai très collectif, bien construit.

Un essai très collectif, bien construit.

Si les Gallois ont dominé une grande partie du match (60% de possession), ils ont fatalement craqué dans les 20 dernières minutes, ce qui était prévisible tant le Racing 92 les surpasse en terme de puissance et de profondeur de banc. Un peu lent, Maxime Machenaud a prouvé que pour l’instant, le seul sport en salle dans lequel il excelle reste le développé-couché. Son remplaçant Iribaren a amené bien plus de dynamisme et s’est offert son essai. Puis Zebo a pu claquer un doublé après une nouvelle inspiration de Finn Russell, qui a passé les trois-quarts du match à dormir mais qui sait bien qu’il est tellement fort qu’il n’a besoin de jouer que deux ballons pour faire gagner son équipe.

La célébration à la Cristiano par contre, c'est non. T'as juste l'air con.

La célébration à la Cristiano par contre, c’est non. T’as juste l’air con. (©ERCC)

Les Scarlets n’ont pas totalement explosé pour autant et McNicchol a lui aussi eu le droit à son doublé après un beau mouvement. Score final, 46 à 33, c’était un bon petit match même si on sort avec la drôle d’impression que les Gallois ont vachement mieux joué et dominé une grande partie du match, sans que ça se traduise au tableau d’affichage. Comme l’année dernière, le Racing 92 paraît être le club français le mieux placé pour gagner cette Champions Cup, mais pour battre des équipes du calibre du Leinster ou des Saracens, il va falloir faire vraiment mieux que ça, surtout défensivement. Ou alors construire un nouveau stade, sur une nouvelle planète, avec une atmosphère différente. 

Ah oui et j’oubliais, à un moment du match Bernard le Roux s’est pété le genou. On lui souhaite un prompt rétablissement, tout en se posant cette question : « Quelle excuse Jacques Brunel va t-il utiliser pour ne pas appeler Sekou Macalou cette fois-ci ? ». Transition toute trouvée : la semaine prochaine, je suis en vacances, mais on se retrouve le lundi 4 février pour le compte-rendu du match d’ouverture du Tournoi des VI Nations. Ce sera à nouveau une opposition entre une équipe française et une galloise, mais je ne peux pas vraiment vous assurer que le résultat sera le même.


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