
Les services d’urgences sont constamment saturés. 14 médecins urgentistes, dont trois Normands, tirent la sonnette d’alarme. (©Illustration/78actu)
14 médecins urgentistes ont signé une tribune commune, mercredi 16 janvier 2019, dans le quotidien Le Monde. Parmi ces professionnels, trois travaillent en Normandie : Arnaud Depil-Duval, du Centre hospitalier Eure-Seine (Évreux-Vernon), Éric Roupie du Centre hospitalier universitaire de Caen (Calvados) et Luc-Marie Joly du Centre hospitalier universitaire de Rouen (Seine-Maritime).
Leurs paroles font froid dans le dos. Les professionnels reviennent sur les récents drames qui ont touché les services d’urgences. Le dernier en date : une femme de 55 ans a été retrouvée décédée dans la zone d’attente du service des urgences près de 12 heures après son admission, dans la nuit du 17 au 18 décembre 2018, à l’hôpital Lariboisière, à Paris.
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Pas assez de moyens
Les médecins urgentistes déplorent grandement ces tragédies et ne sont pas rassurants pour la suite. « De tels accidents peuvent maintenant se répéter partout et à tout moment, car le gouffre se creuse entre les besoins et nos moyens », peut-on lire dans la tribune.
Quand un seul médecin doit prendre en charge simultanément dix malades, le risque d’accident devient immense.
Auparavant, l’encombrement des services d’urgences n’était évoqué qu’au moment de la grippe ou de la canicule. « Désormais, nos services sont saturés en permanence. Or, cette saturation n’a pas qu’un effet sur le confort ou le délai d’attente : elle augmente considérablement le risque d’erreurs médicales et use les équipes. »
La pénurie de médecins en cause
En dehors du manque de moyens alloués aux services d’urgences, le manque de médecins et de lieux de soins peuvent aussi expliquer la saturation quotidienne des urgences. Selon les médecins, beaucoup de patients se rendent à l’hôpital, faute d’avoir pu obtenir un rendez-vous médical.
À l’origine, les urgences avaient été créées pour soigner les blessés de la route, rappellent les médecins. Aujourd’hui, on les utilise pour compenser les insuffisances du système de soins.
Le nombre de visites a doublé en vingt ans ! « Et le nombre de visites aux urgences va continuer à augmenter car la population grandit et vieillit, tandis que le nombre de médecins baisse », assurent-ils.
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Un grand plan en faveur des urgences
Pour ces derniers, il est grand temps de réorganiser le parcours de soins pour éviter un nouveau drame. « Nous pensons donc que le temps est venu d’un grand plan en faveur des urgences, d’ampleur similaire à celui porté par Xavier Bertrand sous la pression de notre collègue Patrick Pelloux après la canicule de 2003 », concluent les professionnels.
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TRIBUNE | « « Aux urgences, le risque d’accident devient immense […] Nous travaillons désormais en permanence sur le fil », dénoncent 14 chefs de service hospitalier. « Le temps est venu d’un grand plan en faveur des urgences », assurent-ils #abo https://t.co/GWy0CHgTi1
— Le Monde (@lemondefr) January 17, 2019